Gaza: reprise ce week-end des discussions pour une trêve, situation humanitaire catastrophique

Des enfants transportent un seau rempli d'eau à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 avril 2024.. AFP or licensors

Les pourparlers pour une trêve à Gaza doivent reprendre ce week-end au Caire, après six mois de guerre à Gaza. Alors que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a demandé l’arrêt de toute vente d’armes à Israël, les États-Unis pressent l’État hébreu de laisser entrer davantage d’aide humanitaire dans le territoire palestinien, ravagé par les destructions et au bord de la famine.

Le 06/04/2024 à 09h03

Les pourparlers pour une trêve à Gaza doivent reprendre ce week-end au Caire, où Joe Biden a exhorté les négociateurs à convaincre le Hamas, après six mois de guerre sur le territoire palestinien ravagé par les destructions et au bord de la famine.

Le président américain «a écrit aujourd’hui au président égyptien et à l’émir du Qatar pour leur faire part de l’état d’avancement des pourparlers et leur demander d’obtenir du Hamas qu’il s’engage à accepter et à respecter un accord», a déclaré vendredi soir à l’AFP un haut responsable américain sous couvert de l’anonymat.

Au moment où les discussions piétinent sur une trêve et sur la libération d’otages, le chef de la CIA, Bill Burns, se rendra au Caire pour de nouveaux pourparlers prévus ce week-end, selon des médias américains. Il y rencontrera son homologue du Mossad israélien David Barnea ainsi que des responsables égyptiens et qataris, d’après le New York Times.

L’annonce de cette nouvelle tentative américaine intervient après que les États-Unis ont pressé jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de conclure «sans délai» un accord pour un cessez-le-feu, sur fond de pression croissante de la communauté internationale face au désastre humanitaire en cours à Gaza.

La barre des 33.000 morts palestiniennes franchie

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis 6 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 33.100 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et plus de 75.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 450 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.

Après l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution exigeant «un cessez-le-feu immédiat» à Gaza, restée sans effet, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a demandé l’arrêt de toute vente d’armes à Israël, dans une résolution évoquant les craintes de «génocide» contre les Palestiniens.

Acheminement d’aide «temporaire»

Sous la pression, Israël a annoncé vendredi autoriser l’acheminement «temporaire» de l’aide par le port israélien d’Ashdod, à environ 40 km au nord de Gaza, et par le point de passage d’Erez, entre le nord de Gaza et Israël. Il va aussi permettre «l’augmentation de l’aide par Kerem Shalom», entre le sud de Gaza et Israël. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a déclaré que Washington attendait des «résultats» rapides sur le terrain, après avoir affirmé que «100% de la population a besoin d’aide» à Gaza.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a de son côté jugé les mesures annoncées par Israël «éparpillées» et insuffisantes. Lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, la patronne de l’ONG Save the Children-USA, Janti Soeripto, a estimé que «le prochain lot de morts massives d’enfants à Gaza ne viendrait pas de balles et de bombes, mais de la famine et de la malnutrition».

Contrôlées strictement par Israël et soumises à de nombreuses restrictions, notamment sur les médicaments et le matériel sanitaire, les aides venant principalement d’Égypte entrent au compte-gouttes via le passage de Kerem Shalom. Des pays effectuent des parachutages quotidiens de vivres sur le territoire palestinien. Mais cela est loin de suffire face aux besoins immenses de la population, privée de tout depuis 6 mois.

Plusieurs ONG internationales ont alerté sur leur quasi impossibilité de travailler en sécurité dans la bande de Gaza, où certaines ont suspendu leurs opérations après la mort lundi des sept humanitaires de World Center Kitchen (WCK) -un Palestinien et six étrangers- dans trois frappes de drone israéliennes. L’armée israélienne a admis avoir commis une série d’«erreurs graves».

WCK, basée aux États-Unis a réclamé une commission d’enquête «indépendante». La Pologne, dont un ressortissant fait partie des humanitaires tués, a réclamé à Israël «une enquête criminelle» pour «meurtre». Et l’Australie a jugé samedi que les informations fournies par Israël sur la mort d’une humanitaire australienne étaient «insuffisantes».

Par Le360 (avec AFP)
Le 06/04/2024 à 09h03