Gaza: poursuite des bombardements israéliens sur le sud, nouveaux pourparlers pour une trêve

Cette photo prise à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, montre de la fumée lors d'un bombardement israélien sur Khan Younès, le 23 février 2024.. AFP or licensors

Les bombardements israéliens se sont poursuivis sur Khan Younès et Rafah, faisant plus de 100 morts dans la nuit, d’après des sources locales. Une délégation israélienne est à Paris ce samedi pour de nouveaux pourparlers sur une trêve, alors que le plan d’«après-guerre» présenté par le Premier ministre Benjamin Netanyahu a été très largement critiqué.

Le 24/02/2024 à 07h37

Les bombardements israéliens se sont poursuivis sur les villes de Khan Younès et de Rafah, frontalière de l’Égypte à la pointe sud du territoire, selon un journaliste de l’AFP. Dans le centre, à Deir al-Balah, au moins 23 personnes ont été tuées et plus de 50 blessées dans une frappe sur la maison du comédien palestinien Mahmoud Zuaiter, qui a aussi été blessé, a indiqué le ministère de la Santé du Hamas. Les opérations militaires israéliennes qui ont fait au moins 103 morts dans la nuit, a annoncé samedi le ministère de la Santé du Hamas.

La situation humanitaire ne cesse d’empirer sur le territoire palestinien où le bureau de coordination de l’aide humanitaire (Ocha) a mis en garde samedi contre «une menace de famine de masse» faute d’approvisionnements suffisants en eau et nourriture.

«Regardez, nous nous battons pour du riz», a témoigné auprès de l’AFP Ahmad Atef Safi, faisant la queue pour obtenir de la nourriture à Jabaliya dans le nord. «Nous sommes dans une guerre de famine». «Nous ne pouvons pas nous tenir debout à cause de la faim et du manque de nourriture», a confié à l’AFP Oum Wajdi Salha, une autre résidente de Jabaliya.

Nouveaux pourparlers pour une trêve

Une délégation menée par le chef du Mossad (renseignements extérieurs israéliens), David Barnea, est arrivée la veille à Paris, en France, dans l’espoir de «débloquer» les pourparlers en vue d’une nouvelle trêve, selon un responsable israélien. Le responsable israélien avait rencontré fin janvier à Paris ses homologues américain et égyptien et le Premier ministre du Qatar, afin de discuter d’un nouvel accord.

D’après une source du Hamas, le plan prévoyait alors une pause de six semaines dans les combats et la libération de 200 à 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages retenus par le Hamas. Des pourparlers ont aussi eu lieu cette semaine en Égypte.

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne depuis plus de 4 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opération terrestres de l’armée israélienne ont tué 29.514 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait près de 70.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 420 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.

Un plan d’«après-guerre» critiqué

Jeudi soir, Benjamin Netanyahu a soumis au cabinet de sécurité de son gouvernement un plan qui prévoit notamment le maintien du «contrôle sécuritaire» d’Israël sur le territoire, une fois la guerre terminée. Il a été immédiatement rejeté par les rivaux palestiniens, le Hamas à Gaza et l’Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée, mais aussi par les États-Unis, principal allié d’Israël.

«La réalité de Gaza et la réalité des Palestiniens ne peuvent être déterminées que par les Palestiniens eux-mêmes», a affirmé à Beyrouth Oussama Hamdane, un responsable du Hamas. L’Autorité palestinienne a dénoncé la volonté de «perpétuer l’occupation israélienne (...) et empêcher la création d’un État palestinien».

En visite en Argentine, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a réaffirmé l’opposition de son pays à toute «réoccupation israélienne» de Gaza. Washington s’oppose également «à une réduction de la taille de Gaza» et au «déplacement forcé des Palestiniens hors du territoire», a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, Steve Kirby.

De son côté, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, qui avait récemment déclenché une crise diplomatique en comparant l’offensive israélienne à la Shoah, a persisté vendredi en accusant Israël de «génocide». «Ce sont des milliers d’enfants morts et des milliers de disparus. Ce ne sont pas des soldats qui meurent, ce sont des femmes et des enfants à l’hôpital. Si cela n’est pas un génocide, je ne sais pas ce qu’est un génocide», a martelé Lula.

Ne «plus fermer les yeux»

En quatre mois et demi, la guerre a déplacé et poussé environ 2,2 millions de Palestiniens, soit l’immense majorité de la population de la bande de Gaza, au bord de la famine, selon l’ONU. «Nous ne pouvons plus fermer les yeux devant cette tragédie humaine», a averti l’agence des Nations unies pour le soutien des réfugiés palestiniens (Unrwa) sur le réseau social X.

L’inquiétude grandit chaque jour à Rafah où se massent au moins 1,4 million de personnes, la plupart ayant fui les combats, et cible prochaine d’une opération de grande envergure annoncée par l’armée israélienne. L’aide, dont l’entrée au compte-gouttes est contrôlée Israël, est toujours insuffisante et son acheminement vers le nord est difficile en raison des destructions, des combats et des restrictions israéliennes.


Par Le360 (avec AFP)
Le 24/02/2024 à 07h37