Gaza: le Hamas étudie un projet d’accord de trêve, Israël poursuit ses bombardements

Des Palestiniens passent devant des bâtiments détruits à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 8 avril 2024, après qu'Israël a retiré ses troupes terrestres de cette ville. AFP or licensors

Le mouvement palestinien Hamas a annoncé ce mardi examiner un projet de trêve de plusieurs semaines dans la bande de Gaza, assorti de la libération de dizaines d’otages israéliens, en dépit du rejet de certaines de ses demandes.

Le 09/04/2024 à 09h23

Le mouvement palestinien Hamas a annoncé mardi étudier un projet de trêve de plusieurs semaines dans les combats et les raids aériens à Gaza, mis sur la table par les pays médiateurs que sont le Qatar, l’Égypte et les États-Unis.

Disant «apprécier» les efforts des médiateurs et «souhaiter» un accord, le mouvement a indiqué dans un communiqué que les Israéliens «n’avaient répondu à aucune» de ses demandes, mais que «malgré cela, la direction du mouvement étudie la proposition (...) et informera les médiateurs de sa réponse».

Outre un cessez-le-feu de six semaines, la proposition prévoit dans un premier temps la libération de 42 otages israéliennes en échange de 800 à 900 Palestiniens détenus en Israël, l’entrée de 400 à 500 camions d’aide alimentaire par jour, et le retour chez eux des habitants du nord de la bande de Gaza déplacés par la guerre, selon la source au sein du Hamas.

Le Hamas exige un cessez-le-feu définitif, le retrait israélien de l’ensemble de Gaza et l’acheminement de davantage d’aide pour la population locale menacée de famine selon l’ONU.

Israël a retiré dimanche ses troupes de Khan Younès (sud), épicentre de combats ces dernières semaines et annoncé l’entrée lundi de 419 camions d’aide, le nombre le plus élevé depuis le début de la guerre. Son ministre de la Défense Yoav Gallant a jugé «le moment opportun» pour conclure une trêve, ce qui n’a toutefois pas interrompu les bombardements israéliens sur la bande de Gaza. Une frappe aérienne a ainsi ciblé dans la nuit de lundi à mardi un bâtiment municipal dans le camp de Maghazi (centre), tuant plusieurs Palestiniens, dont le maire de la municipalité, rapporte le Hamas.

Le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères Majed al-Ansari s’est dit lui plus «optimiste» qu’il y a quelques jours, précisant toutefois que «les négociations sont loin de leur dernière ligne droite».

Une offensive à Rafah

Si les pourparlers de trêve se poursuivent, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dit tenir malgré tout à enclencher une offensive sur la ville de Rafah. «Cela se fera. Il y a une date», a-t-il déclaré dans un message vidéo, sans toutefois préciser cette date.

Immédiatement après cette annonce, les Etats-Unis ont réaffirmé leur opposition à cette opération sur Rafah, ville frontalière de l’Egypte où s’entassent, dans des conditions extrêmement précaires, près d’un million et demi de Palestiniens, en majorité déplacés par les opérations militaires israéliennes.

«Nous avons clairement fait savoir à Israël que nous pensions qu’une invasion militaire massive de Rafah aurait un effet extrêmement néfaste sur ces civils et qu’elle nuirait en fin de compte à la sécurité d’Israël», a déclaré à la presse le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller.

«Indescriptible»

Depuis dimanche, des milliers de Palestiniens ont fui Rafah, notamment pour regagner Khan Younès. «Nous espérions trouver la maison ou ce qu’il en reste», a raconté Safa Qandil, une femme de 46 ans qui a perdu son fils et sa belle-fille, enceinte.

De la maison familiale, il ne reste plus rien. «C’est (...) indescriptible», confie-t-elle. «Plus rien ne ressemble à ce que nous avons connu», avant la guerre, témoigne de son côté Salim Sharab, 37 ans, lui aussi à la recherche de sa maison dans Khan Younès dévasté.

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis plus de 6 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 33.207 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et plus de 75.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, près de 460 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.

L’Allemagne devant la CIJ

Face à la situation à Gaza, le Nicaragua a intenté une action en justice contre l’Allemagne devant la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l’ONU, dénonçant son soutien militaire à Israël.

«C’est une excuse pathétique, pour les enfants, les femmes et les hommes palestiniens, de fournir une aide humanitaire, notamment par le biais de largages aériens, d’une part, et de fournir le matériel militaire utilisé pour les tuer» d’autre part, a déclaré devant la CIJ Daniel Mueller, avocat du Nicaragua. L’Allemagne doit répondre devant la cour dès ce mardi.

Par Le360 (avec AFP)
Le 09/04/2024 à 09h23