Malgré l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, exigeant un «cessez-le-feu immédiat», et les multiples appels de la communauté internationale, Israël a poursuivi ses raids et frappes aériennes dans la bande de Gaza. Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé la mort d’au moins 60 personnes, en grande majorité des civils, dans les bombardements nocturnes israéliens sur le territoire palestinien.
Bâtiments détruits, calcinés ou aplatis, rues jonchées de décombres et de grosses monticules de sable. Des images de l’AFP montrent un paysage de dévastation dans le complexe hospitalier d’Al Chifa à Gaza (nord), pris d’assaut le 18 mars par l’armée israélienne. Lundi, cette dernière a annoncé son retrait après avoir «achevé» ses opérations. L’armée israélienne avait déjà mené une opération similaire à Al Chifa en novembre, accusant le Hamas, qui dément, de se servir de cet hôpital comme d’un centre de commandement.
Un journaliste de l’AFP et des témoins sur place ont vu des chars et des véhicules s’en retirer, sous le couvert des tirs d’artillerie et des frappes aériennes. «Des dizaines de corps de martyrs, certains en état de décomposition, ont été retrouvés dans l’enceinte et aux abords de l’hôpital d’Al Chifa», a affirmé le ministère de la Santé du Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007. Un médecin a déclaré à l’AFP que plus de 20 cadavres avaient été retrouvés. D’après lui, certains des corps se sont fait rouler dessus par les véhicules militaires pendant leur retrait.
«Une bouteille d’eau pour 15 personnes»
Dimanche, le directeur de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, a indiqué que 21 patients étaient morts depuis le début de l’opération israélienne à Al Chifa, où des centaines de déplacés avaient trouvé refuge. Selon lui, il reste dans cet hôpital 107 patients, dont quatre enfants et 28 malades dans un état critique, et depuis samedi, «il ne reste plus qu’une bouteille d’eau pour 15 personnes».
Les troupes israéliennes mènent également des opérations dans les secteurs d’autres structures sanitaires de la bande de Gaza, notamment les hôpitaux Nasser et Al Amal à Khan Younès dans le sud. Dimanche, le chef de l’OMS a affirmé qu’un «campement dans l’enceinte de l’hôpital Al Aqsa a été touché par une frappe aérienne israélienne», faisant quatre morts.
L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël pilonne depuis près de 6 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 32.782 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait plus de 75.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 450 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.
La soeur de Haniyeh arrêtée en Israël
La police israélienne a annoncé avoir arrêté Sabah Abdel Salam Haniyeh, la soeur du chef du Hamas, âgée de 57 ans et qui a la nationalité israélienne, dans sa maison à Tel-Sheva dans le sud d’Israël. Elle est soupçonnée «soupçonnée d’incitation à commettre des actes de terrorisme en Israël» et «d’avoir des contacts avec des agents du Hamas».
Au Qatar et en Égypte ont eu lieu ces dernières semaines des discussions indirectes entre Israël et le Hamas via les médiateurs internationaux -Égypte, Qatar, États-Unis- en vue de conclure un accord de trêve associée à une libération d’otages. Mais cet accord semble bien loin, les deux protagonistes s’accusant mutuellement d’intransigeance.
Et ce malgré les appels des organisations internationales, alertant sur un risque de famine pour la majorité des 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza, soumise par Israël à un siège depuis le 9 octobre et à un blocus total depuis 2007.
Des milliers de manifestants se sont rassemblés dimanche soir devant le parlement israélien à Jérusalem (Al-Qods), deuxième manifestation en deux jours, avec des affrontements avec la police. Les manifestants réclament la démission de Benjamin Neatnyahu et la conclusion d’un accord pour la libération des otages israéliens retenus à Gaza. «Elections!», Netanyahu «doit partir» et «Ramenez (les otages) maintenant!» ont-ils scandé. En soirée de ce lundi, de nouveaux rassemblements contre le gouvernement Netanyahu sont prévues à Jérusalem.