Malgré les appels incessants de la communauté internationale en faveur d’un cessez-le-feu, l’armée israélienne a déclaré hier lundi, via son porte-parole Daniel Hagari qu’elle se préparait à des «combats prolongés» qui devraient durer «tout au long de l’année» 2024.
Dans la nuit de lundi à mardi matin, des témoins ont fait état de tirs de missiles en direction de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, et de bombardements autour du camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord. Des combats ont également été signalés dans les zones centrales d’Al Maghazi et de Bureij, ainsi que dans la principale ville du sud, Khan Younès. «C’est la pire année de notre vie», a déclaré à l’AFP Sami Hamouda, 64 ans, habitant de Gaza, à propos de 2023. «Chaque jour ressemble au précédent: des bombardements, des morts et des massacres».
La guerre a été déclenchée par les attaques du Hamas contre Israël, le 7 octobre, qui ont causé la mort d’environ 1.140 personnes, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les chiffres des autorités israéliennes. Les combattant ont également pris en otage quelque 250 personnes ce jour-là, dont plus de la moitié se trouvent toujours à Gaza, selon des responsables israéliens.
En représailles, Israël a lancé une offensive qui a réduit de vastes zones de la bande de Gaza à un désert de ruines et tué au moins 21.978 personnes, en grande majorité des civils, principalement des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Situation humanitaire désespérée
Des témoins dans le nord de Gaza ont déclaré à l’AFP lundi avoir vu des forces israéliennes quitter plusieurs zones autour de la ville de Gaza, suggérant probablement un redéploiement plutôt qu’un retrait. L’armée israélienne a expliqué qu’elle «adaptait la planification du déploiement à Gaza», y compris pour les soldats de réserve, car «les combats vont continuer et ils seront toujours nécessaires».
Entre-temps, le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant a déclaré que les habitants de certaines localités près de la frontière de Gaza -qui ont été évacués depuis les attaques du 7 octobre- «pourront bientôt rentrer chez eux».
Depuis qu’Israël a imposé un siège total au début de la guerre, les habitants de la bande de Gaza, dont 85% ont été déplacés selon l’ONU, font face à de graves pénuries d’eau, de nourriture, de carburant et de médicaments, atténuées uniquement par des camions d’aide humanitaire, dont environ 120 sont entrés dimanche dans l’enclave palestinienne.
À Rafah, ville frontalière du sud, Mostafa Shennar, 43 ans, a déclaré à l’AFP que les «conditions de vie... sont tout simplement désespérées». Tamer al-Shaer, coiffeur dont le salon à Rafah se trouve maintenant parmi les décombres, a déclaré qu’une frappe avait touché le voisinage, mais «j’ai essayé de dégager le salon, et c’est bon. Je gagne ma vie pour moi et ma famille». Pour l’électricité, Shaer a «un petit panneau solaire», a-t-il déclaré, ajoutant : «Que Dieu nous trouve une issue le plus tôt possible».
Proposition de trêve
Quelques jours après qu’une délégation du Hamas ait visité l’Égypte pour donner sa réponse à un nouveau plan de cessez-le-feu, le média américain Axios, citant des sources israéliennes anonymes, a rapporté qu’une proposition a été soumise à Israël dimanche pour un nouvel échange d’otages, via des médiateurs qataris et égyptiens.
Un responsable a déclaré que cette proposition comprenait trois phases, chacune liée à une pause dans les combats de plus d’un mois, en échange de la libération d’otages. Elle impliquerait également le retrait des troupes israéliennes du territoire, la dernière phase du plan mettant fin à la guerre. Le responsable a déclaré à Axios que la proposition avait été discutée par le cabinet de guerre israélien et jugée inacceptable. Il a toutefois suggéré que des progrès pourraient être réalisés vers un plan plus acceptable à l’avenir.
Raids en Cisjordanie occupée
La violence a également augmenté en Cisjordanie occupée, où le Hamas n’est pas représenté, et où plus de 320 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes et les colons depuis octobre. Israël a mené des raids durant la nuit autour de plusieurs villes du territoire palestinien, dont Jéricho, Jénine, Qalqilya et Ramallah, où siège l’Autorité palestinienne, a rapporté tôt ce mardi l’agence de presse officielle palestinienne Wafa.
L’organisme de défense des droits de l’Homme israélien Yesh Din a déclaré lundi que 2023 avait été l’année «la plus violente» jamais enregistrée pour les attaques de colons dans le territoire palestinien, occupé par Israël depuis 1967, «tant en nombre d’incidents qu’en gravité».