L’ONU a fait état d’une «intensification» des violences à Khan Younès et d’un nouvel ordre d’évacuation relayé par l’armée israélienne touchant des secteurs de cette agglomération où vivent actuellement «88.000 résidents et environ 425.000 personnes déplacées» par la guerre qui y avaient trouvé refuge. Le personnel de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) déplore une situation «catastrophique et indescriptible» dans les hôpitaux de cette ville, a indiqué mercredi l’organisation.
Au 110ème jour de la guerre, la situation humanitaire et sanitaire demeure critique dans la bande de Gaza où au moins 1,7 million de personnes (plus de 80% de la population) ont été déplacés vers le sud, dans un espace de plus en plus exigu.
Abritée dans des camps de fortune, la population manque de tout. Depuis plus de trois mois, l’enclave palestinienne subit un siège total de l’armée israélienne, sans approvisionnement en eau, en nourriture, en médicaments, en électricité et en carburant. Les aides humanitaires passent au compte-gouttes, alors que les agences onusiennes et différentes ONG sur place s’alarment de risques de famine et de la propagation de maladies.
Dans la ville de Gaza, au nord, où s’est concentrée l’opération israélienne les premières semaines, des Palestiniens marchaient à travers les gravats et les ruines des habitations détruites par les bombardements et les explosifs israéliens. «J’ai quitté ma maison depuis le premier jour de la guerre […] Mes nièces ont été gravement blessées, leurs intestins ont été touchés et leurs jambes amputées. C’est tragique», a dit Oum Dahud al-Kafarna.
L’armée israélienne a, elle, annoncé mardi la mort de 21 réservistes dans l’effondrement la veille de deux bâtiments où ils étaient en train de poser des explosifs dans le secteur de Khan Younès, après un tir de roquette contre un char proche. Avec la mort de trois autres soldats dans un incident séparé, il s’agit de la perte quotidienne la plus lourde pour Tsahal depuis le début de son offensive terrestre dans la bande de Gaza.
L’attaque du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.140 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte à partir de données officielles israéliennes. Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées fin novembre lors d’une trêve en échange de prisonniers palestiniens. Selon le même décompte, 132 otages sont toujours dans le territoire, dont 28 seraient morts.
En représailles, Israël pilonne sans relâche le petit territoire palestinien, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opération terrestres de l’armée israélienne ont tué 25.490 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait plus de 65.000 blessés selon le ministère de la Santé du Hamas.
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 380 Palestiniens ont été tués par les soldats ou les colons israéliens, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.
Discussions «sérieuses»
Sur le plan diplomatique, une délégation du Hamas est arrivée mardi au Caire pour «discuter avec le chef de renseignements égyptiens d’une nouvelle proposition de cessez-le-feu», selon une source proche des pourparlers. Idem pour Brett McGurk, conseiller du président américain Joe Biden pour le Moyen-Orient, qui «se trouve au Caire» pour discuter d’une «pause», selon Washington.
Washington is discussing with allies ways to free Israeli captives held in Gaza as top US official Brett McGurk visits the Middle East, says White House national security spokesperson John Kirby.
— Al Jazeera English (@AJEnglish) January 23, 2024
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«Je ne peux pas vous dire si et quand nous pourrons y arriver, mais les conversations sont très sobres et sérieuses pour essayer de mettre en place un autre accord sur les otages», a déclaré John Kirby, un porte-parole de la Maison Blanche. Selon le site américain Axios, Israël a proposé au Hamas, via la médiation du Qatar et de l’Égypte, une trêve de deux mois en échange de la libération de tous les otages. John Kirby a jugé «possible» que les pourparlers «débouchent sur des conséquences plus large pour le conflit lui-même».
Or jusqu’à présent, le gouvernement du Premier ministre Benyamin Netanyahou s’oppose à tout «cessez-le-feu» et à la création, à plus longue échéance, d’un État palestinien indépendant aux côtés d’Israël. Le rejet par le gouvernement israélien de la solution à deux États est «inacceptable» et risque de «prolonger le conflit», a prévenu mardi le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres devant le Conseil de sécurité.
«Quelles sont les autres solutions auxquelles ils pensent? Faire partir tous les Palestiniens? Les tuer?», s’était interrogé le même jour, en conférence de presse, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, irrité par le refus israélien de discuter de la solution à deux États.
D’autant que cette guerre exacerbe déjà les tensions régionales. Tôt ce mercredi, Washington a revendiqué des frappes en Irak contre des sites tenus par des groupes armés pro-Iran «en réponse» à des attaques menées par «des milices parrainées» par Téhéran contre des militaires américains, frappes qui ont fait deux morts selon des sources irakiennes.. Washington a également mené mercredi matin deux nouvelles frappes au Yémen contre les rebelles Houthis, qui menacent une partie du trafic maritime en mer Rouge et dans le golfe d’Aden en soutien aux Palestiniens.