Un employé du ministère français de l’Economie a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire dans une enquête sur la divulgation d’informations concernant des Algériens vivant en France, dont des opposants au pouvoir en place, a appris mercredi l’AFP de sources concordantes.
Le fonctionnaire du ministère a été mis en examen le 19 décembre 2024 «pour intelligence avec une puissance étrangère, livraison à une puissance étrangère d’information sur intérêt fondamental à la nation, exercice d’activités pour s’informer sur les intérêts fondamentaux de la nation pour une puissance étrangère», a indiqué le parquet de Paris. Il a été placé sous contrôle judiciaire.
Cet homme est soupçonné d’avoir été «en contact régulier avec une personne de nationalité algérienne travaillant au consulat d’Algérie de Créteil», en région parisienne, et «de lui avoir transmis des informations personnelles et sur les demandes d’asile» concernant des Algériens, et notamment «des opposants notoires» au régime politique en place, a précisé le ministère public.
Cette affaire survient dans un contexte de tensions entre Paris et Alger, les deux pays étant plongés depuis plusieurs mois dans une profonde crise diplomatique aux origines diverses.
L’avocat du mis en cause, Sipan Ohanians, a affirmé que son client était «victime d’une campagne de menaces et de manipulation d’une puissance étrangère ayant resserré l’étau autour de lui».
Des opposants connus
D’après une source proche de l’enquête, l’Algérien qui exerçait au consulat d’Algérie de Créteil depuis fin 2022 était le commanditaire des renseignements: il bénéficiait d’une «couverture» et travaillait pour les renseignements algériens. À ce stade de l’enquête, il n’a pas été mis en examen.
Selon la même source, cet agent demandait des informations à l’employé de Bercy sur des ressortissants algériens, dont des opposants connus tels que Amir Boukhors et Mohamed Larbi Zitout, tous deux sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour terrorisme, ou encore des personnalités influentes comme l’influenceur Chawki Benzehra, mais aussi un journaliste algérien réfugié ayant porté plainte en France contre un général… Ces personnes ont, pour «certaines», été «victimes de violences, menaces de mort ou tentative d’enlèvement».
Comment le fonctionnaire obtenait-il ces informations? D’après une source proche du dossier, il avait noué une «relation intime» avec une assistante sociale de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), qu’il sollicitait pour obtenir des renseignements. Celle-ci a été mise en examen le 7 février pour violation du secret professionnel, selon le parquet. Au cours des investigations, elle a assuré n’avoir touché aucune contrepartie, d’après la source proche du dossier.
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