Un profil technique, ou finalement plutôt politique? Cinquante jours après la démission du gouvernement Attal, l’interminable quête d’un nouveau Premier ministre, capable de s’imposer à une Assemblée nationale particulièrement fragmentée, devait se poursuivre mercredi à l’Elysée.
Depuis le début de la semaine, ce casting en forme de casse-tête a été riche en rebondissements, fausses pistes ou nouvelles idées. À chaque fois, le président Emmanuel Macron «teste» les noms envisagés auprès des différentes forces politiques, afin d’estimer si un gouvernement dirigé par tel ou tel aurait une chance de ne pas être immédiatement censuré par les députés.
Après avoir fait circuler lundi la piste Thierry Beaudet, inconnu du grand public, comme possible Premier ministre «technique», l’Elysée penchait mardi soir pour «une solution politique», selon un proche du président. Dans cette optique, deux personnalités expérimentées sont évoquées: l’un venu de la gauche, l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, l’autre de la droite, Xavier Bertrand, cadre du parti Les Républicains. Le tout sans exclure l’émergence d’un troisième nom, dixit un conseiller de l’exécutif!
Selon un proche du président, l’un et l’autre assurent déjà «plus de stabilité» que Lucie Castets, la candidate de la coalition de gauche le Nouveau Front populaire (NFP, arrivé premier aux législatives anticipées), éconduite par Emmanuel Macron. «Il y a à leur égard des réticences, mais pas forcément de censure immédiate», croit-on de même source.
Continuité du macronisme
À voir. À gauche, les députés de La France insoumise, membre du NFP assurent qu’ils censureront tout autre Premier ministre que Lucie Castets. Si Emmanuel Macron «pouvait se nommer lui-même et cohabiter avec lui-même, il l’aurait fait», a raillé la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot, en confirmant que ses troupes devaient déposer mardi auprès du bureau de l’Assemblée nationale une motion de destitution du chef de l’État, qui «outrepasse ses pouvoirs et plonge le pays dans une crise politique qu’il a lui-même créée».
De leur côté, les écologistes déplorent, par la voix de leur secrétaire nationale Marine Tondelier, que les noms présentés par le président «incarnent une forme de continuité du macronisme, là où le pays a besoin de l’inverse». Quant aux socialistes, ils ont fermé la porte à Xavier Bertrand, et affichent une ligne circonspecte face à Bernard Cazeneuve. Ce serait «une forme d’anomalie» de choisir «le seul homme de gauche qui s’est battu contre le Front populaire», a même jugé Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste.
À droite, après avoir campé sur leur refus de toute participation à un gouvernement ou à une coalition, les dirigeants des Républicains ont finalement ouvert la porte à l’hypothèse Xavier Bertrand… tout en affirmant qu’elle n’était pas «viable».
Car le Rassemblement national (extrême droite) s’oppose frontalement à ce dernier, qu’il juge trop hostile à ses idées, et estime «impossible» un gouvernement Cazeneuve, qui «tiendrait une politique de gauche». Pour le parti, la seule option serait finalement celle d’un «gouvernement technique», «une solution de dernier ressort», a explicité sa cheffe Marine Le Pen.
Pour Marine Tondelier, «les Français n’en peuvent plus de ce feuilleton institutionnel à rebondissements», dont nul ne se risque plus à prévoir le terme. Emmanuel Macron est en outre mis sous pression par le calendrier, puisqu’un budget pour l’année 2025 doit être déposé au Parlement au plus trad le 1er octobre.