Alors que la bande de Gaza est dévastée par près de 23 mois de guerre, la Défense civile, organisation de premiers secours, a fait état samedi de 66 morts dans plusieurs frappes israéliennes sur le territoire palestinien, notamment à Gaza-ville.
Malgré des pressions croissantes, tant à l’étranger qu’en Israël, pour mettre fin au conflit, le gouvernement israélien affirme vouloir poursuivre l’offensive, et l’armée se prépare à un assaut généralisé sur Gaza-ville. Celle-ci a jugé «inévitable» l’évacuation de l’agglomération.
«Il est impossible que l’évacuation massive de la ville de Gaza puisse être menée à bien de manière sûre et digne dans les conditions actuelles», a réagi la présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric, dans un communiqué.
Des milliers d’habitants ont déjà fui la ville, située dans le nord du territoire. Selon l’ONU, près d’un million de personnes vivent dans le gouvernorat de Gaza, qui comprend la ville et ses environs.
Avec l’offensive sur Gaza-ville, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et ses alliés d’extrême droite disent vouloir en finir avec le Hamas, dont l’attaque sans précédent en Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre, et ramener les otages encore retenus à Gaza.
Le porte-parole de la Défense civile de Gaza, Mahmoud Bassal, a déclaré à l’AFP que 66 personnes avaient été tuées dans des frappes israéliennes depuis l’aube samedi.
Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d’accès sur le terrain, l’AFP n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante ce bilan.
«Les gens criaient»
Selon M. Bassal, 12 personnes ont notamment été tuées lors d’une frappe aérienne contre des tentes abritant des déplacés dans le quartier d’al-Nasr, dans l’ouest de Gaza-ville. Selon Oum Imad Kaheel, présente à proximité, des enfants figurent parmi les victimes de cette frappe qui a «fait trembler la terre».
«Les gens criaient et paniquaient, tout le monde courait, essayant de sauver les blessés et de récupérer les martyrs gisant au sol», a déclaré cette femme de 36 ans à l’AFP. La Défense civile, opérant sous l’autorité du Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, avait fait état samedi matin de frappes israéliennes intenses sur Gaza-ville.
«Les bombardements (de cette nuit) étaient insensés, ils n’ont pas cessé une seconde, et nous n’avons pas dormi», a déclaré Abou Mohammad Kishko, joint par téléphone alors qu’il se trouvait dans le quartier de Zeitoun.
Cet homme de 42 ans dit ne pas avoir évacué la ville parce qu’«il n’y a aucun endroit sûr» dans la bande de Gaza.
«Inculpé de meurtre»
Samedi en fin de journée, l’armée israélienne a déclaré avoir «frappé un terroriste clé du Hamas dans la zone de la ville de Gaza», sans donner plus de détails sur son identité.
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Selon des médias israéliens citant des sources de sécurité anonymes, il s’agirait du porte-parole de la branche armée du Hamas, Abou Obeida.
En Israël, ceux qui s’opposent à l’offensive prévue à Gaza-ville craignent qu’elle ne coûte la vie à davantage de soldats et mette en danger la sécurité des otages enlevés le 7 octobre et encore vivants.
Des milliers de personnes ont manifesté samedi soir à Tel-Aviv et dans d’autres villes pour réclamer la libération des otages et la fin de la guerre.
«Netanyahu, si mon Matan revient dans un cercueil (...), je veillerai personnellement à ce que vous soyez inculpé de meurtre», a lancé peu avant la manifestation la figure de proue du Forum des familles d’otages, Einav Zangauker, en parlant de son fils, enlevé le 7 octobre.
Israël a par ailleurs annoncé avoir identifié les restes d’un des deux corps d’otages récemment rapatriés de Gaza. Il s’agit d’Idan Shtivi, un jeune homme enlevé lors du festival de musique Tribe of Nova.
L’attaque du 7 octobre a entraîné la mort de 1 219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 restent retenues à Gaza, dont une vingtaine présumées vivantes.
Les représailles militaires israéliennes ont fait au moins 63.371 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l’autorité du Hamas. Le ministère, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU, ne précise pas le nombre de combattants tués.












