Quelle est l'efficacité de deux vaccins inactivés contre le SARS-CoV-2 pour la prévention du Covid-19 symptomatique? C’est principalement à cette question que répond cette nouvelle étude, dont les résultats ont été publiés le 26 mai dernier dans le très sérieux The Journal of the American Medical Association.
Au terme de cet essai clinique de phase 3, conçu par le Wuhan Institute of Biological Products Co, Ltd et le Beijing Institute of Biological Products Co, Ltd, il résulte que les deux vaccins inactivés chinois contre le SARS-CoV-2 ont démontré une efficacité contre le Covid-19 symptomatique, précisément à hauteur de 72,8% et 78,1%, en présentant de rares effets indésirables graves, la majorité n'étant pas liée aux vaccinations.
Jusqu’à présent, les deux vaccins produits par le laboratoire chinois Sinopharm contre le Covid-19 se sont révélés généralement concluants chez les adultes de 18 ans et plus dans les essais de phases 1 et 2. Cependant, jusqu’ici, leur efficacité n'avait pas encore été complètement démontrée, et restait à évaluer sur un plus large échantillon de participants aux essais.
C'est donc désormais chose faite avec cette analyse dite "intermédiaire et pré-spécifiée" d'un essai de phase 3 randomisé en double aveugle, c'est à dire une étude expérimentale dans laquelle un traitement (ou une intervention) est comparé à un autre traitement, à une absence de traitement ou à un placebo.
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Menée aux Emirats arabes unis et à Bahreïn chez des adultes de 18 ans et plus, sans antécédents connus de Covid-19, elle a impliqué plus de 40.000 candidats.
Le recrutement des candidats pour la réalisation de cette étude a commencé le 16 juillet 2020 et la collecte de l’ensemble des données utilisées pour l'analyse intermédiaire de l'efficacité et des effets indésirables a été verrouillée le 31 décembre 2020. Par ailleurs, l'essai est toujours en cours et les données sont collectées par les enquêteurs de l’hôpital de Sheikh Khalifa à Abu Dhabi et du centre de santé Al Qarain à Sharjah, aux Emirats arabes unis (EAU); du complexe médical Salmanyia à Bahreïn; du centre médical de Vacsera et du centre médical de Katameya en Egypte; et enfin de l'hôpital Prince Hamza en Jordanie.
Quid de l’efficacité des vaccins sur les variants?Une question demeure toutefois: celle de savoir si les vaccins expérimentaux peuvent protéger contre les variants émergents du SARS-CoV-2, en particulier les variants détectés pour la première fois au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et au Brésil.
Si une étude récente n'a trouvé aucune protection du vaccin ChAdOx1 nCoV-19 (développé par le laboratoire suédo-britannique AstraZeneca) contre le variant B.1.351, le variant sud-africain, explique-t-on dans la publication, l'efficacité des deux vaccins chinois contre ces variants émergents, n'a quant à elle pas pu être testée, étant donné que les variants n'étaient pas courants dans les pays du Moyen-Orient au moment de l'essai, explique-t-on.
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D'autres études sont donc nécessaires pour étudier la capacité de neutralisation ainsi que l'efficacité des vaccins inactivés contre les variants émergents du SARS-CoV-2, recommande la publication.
Les limites de l’étudeIl y a quelques bémols toutefois aux résultats de cette étude intermédiaire sur la phase 3 des essais, note la publication américaine.
A commencer par le fait que l'étude n'incluait pas les femmes enceintes ou celles de moins de 18 ans; et que de fait, l'efficacité et l'innocuité des vaccins inactivés dans ces groupes restent inconnues. Toutefois, précise-t-on, si les résultats des essais des phases 1 et 2 parmi ces groupes n'ont pas été rapportés, l'évaluation de l'innocuité et de l'immunogénicité des deux vaccins chez les enfants et les adolescents est en cours.
Par ailleurs, l'essai a été principalement mené chez de jeunes hommes généralement en bonne santé au Moyen-Orient, et il n'y a donc pas suffisamment d’éléments pour mesurer l'efficacité des vaccins parmi les personnes atteintes de maladies chroniques, les femmes, les personnes âgées ainsi qu’au sein des populations d’autres pays et ayant déjà contracté le SRAS.
Enfin, l'étude ne permet pas de savoir si les vaccins inactivés préviennent d’une infection asymptomatique mais l’essai étant toujours en cours, et toutes les données (notamment celles de Jordanie) n’ayant pas encore été collectées, le protocole pour affiner davantage les estimations d'efficacité à long terme, les événements indésirables potentiels, protection contre les maladies graves et la mortalité, et durabilité de l'immunité, reste à finaliser.