M. Blinken est arrivé en soirée à Jeddah, où il a rencontré le prince héritier et dirigeant de facto du royaume, Mohammed ben Salmane, et a évoqué les droits humains ainsi qu’une potentielle normalisation des relations entre Ryad et Israël.
Les deux hommes ont eu une «conversation ouverte et sincère» et M. Blinken a soulevé auprès de Mohammed ben Salmane la question des droits de l’homme «d’une manière générale et concernant des problèmes spécifiques», a dit un responsable américain sous le couvert de l’anonymat. «Ils ont discuté d’une potentielle normalisation des relations avec Israël et se sont mis d’accord pour poursuivre le dialogue à cet égard», a encore dit le responsable américain.
Les discussions ont également porté sur le conflit au Soudan où les États-Unis et l’Arabie saoudite, médiateurs, ne parviennent pas à faire respecter plusieurs trêves entre les généraux belligérants. Les États-Unis se sont dits prêts à reprendre les discussions à Jeddah avec les émissaires des deux camps s’ils sont «sérieux» dans leur volonté de respecter le cessez-le-feu, qui permettrait d’aider à acheminer l’aide humanitaire.
MM. Blinken et ben Salmane ont réaffirmé leur «engagement envers la stabilité, la sécurité et la prospérité à travers le Moyen-Orient et au-delà», y compris pour mettre fin au conflit au Yémen, a précisé dans un communiqué le porte-parole du département d’État Matthew Miller.
Après Jeddah, M. Blinken se rend ce mercredi à Ryad, pour participer à une réunion des ministres des Affaires étrangères du Conseil de coopération du Golfe. Jeudi, toujours dans la capitale saoudienne, il coprésidera avec son homologue saoudien une réunion de la coalition des pays luttant contre le groupe jihadiste État islamique (EI), créée en 2014 et qui regroupe des dizaines de pays.
Future normalisation avec Israël?
Cette visite de trois jours survient sur fond de rapprochement historique entre l’Arabie saoudite et deux ennemis des États-Unis, l’Iran et la Syrie, amorçant un changement de la donne géopolitique dans la région. La République islamique, ennemi juré des États-Unis et d’Israël depuis des décennies, a d’ailleurs rouvert son ambassade en Arabie saoudite hier mardi, après une rupture de sept ans.
Quant à la normalisation avec Israël, le sujet est ultra-sensible et constituerait un nouveau chamboulement dans la région après le récent rapprochement entre Ryad et Téhéran, sous l’égide de la Chine, mais aussi entre Ryad et Damas, après des années de froid.
Dans un discours devant le lobby pro-Israël AIPAC lundi à Washington, M. Blinken a affirmé que son pays avait «un vrai intérêt de sécurité nationale à promouvoir une normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite». Ces dernières années, les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc ont normalisé leurs relations avec Israël, rompant avec des décennies de consensus arabe conditionnant l’établissement de relations avec Israël avec la résolution de la question palestinienne.