Philippe Pozzo di Borgo, l’homme d’affaires français dont l’histoire a inspiré «Intouchables», grand succès du cinéma, est décédé hier vendredi 2 juin, à Marrakech, où il vivait, à l’âge de 72 ans. «C’est un choc et c’est surtout une immense tristesse parce que c’est une relation qui a eu une longévité incroyable. On est resté en contact, on a fait des opérations ensemble, on s’est écrit, on s’est revu à maintes reprises», a déclaré Eric Toledano, réalisateur avec Olivier Nakache d’«Intouchables», sorti en 2011.
Né en 1951 à Tunis et issu d’une ancienne famille noble corse, Philippe Pozzo di Borgo a été dirigeant de la maison de champagne Pommery. En 1993, il s’est blessé lors d’un accident de parapente et est devenu tétraplégique. Dans son livre «Le Second souffle» publié en 2001, il raconte comment il est sorti de dépression grâce à son auxiliaire de vie, Abdel Yasmin Sellou.
Cette histoire sera adaptée à l’écran dans «Intouchables», immense succès de 2011 qui a attiré dans les salles près de 20 millions de spectateurs. Les deux hommes sont incarnés par François Cluzet et Omar Sy, lequel gagnera d’ailleurs le César du meilleur acteur en 2012. «À jamais dans nos coeurs», a réagi ce dernier sur son les réseaux sociaux.
Vendu dans près de 50 pays, « Intouchables » a enregistré 19,49 millions d’entrées en France et remporté un succès exceptionnel en Europe - notamment en Allemagne, en Suisse, en Espagne et en Italie. Il a également été adapté aux Etats-Unis (« The Upside ») avec Bryan Cranston et Kevin Hart.
«Optimisme à toute épreuve»
Ce film «a changé le cours de mon existence et de celle d’Olivier puisqu’il a eu un écho en France et dans beaucoup de pays. Et surtout je trouve que sa vie et la façon qu’il avait d’être a changé la vie de beaucoup de gens», a souligné Eric Toledano.
Après son accident, Philippe Pozzo di Borgo s’était remarié et a eu deux autres enfants. Il vécut finalement entre la France et le Maroc, entre Marrakech et la région d’Essaouira, où il avait choisi d’installer sa résidence principale.
«Il a aidé énormément de gens. Il a répondu à des milliers de messages, il avait une patience et l’attention à chacun des personnes qui étaient en souffrance et qui avaient besoin de ces mots, de son réconfort. Il avait un humour et un optimisme à toute épreuve alors qu’il était lui-même en souffrance», a-t-il ajouté. Le réalisateur se souvient que Philippe Pozzo di Borgo leur a donné le droit de retranscrire son histoire à l’écran à condition d’en faire «une comédie».
Président d’honneur de l’association Simon de Cyrène qui créée des maisons de vie partagée pour polyhandicapés en France, Philippe Pozzo di Borgo a donné une partie de ses droits du film à l’association, ce qui a permis de multiplier le nombre de ces établissements à plus de 20 en France.
«Il était très étonnant, éblouissant. Un héros absolu. Tous les soirs, il pouvait mourir. Il mettait un point d’honneur à être bien habillé, écrivait des livres, répondait au courrier», a réagi sur France 3 l’homme d’affaires Pierre-Emmanuel Taittinger qui le connaissait bien et avait sauté en parapente avec lui. «En 30 ans, il ne s’est jamais plaint. Il n’avait pas envie de mourir, c’était un chantre de la vie. Il avait un maître-mot: s’occuper de la fragilité. Mais ce mot revenait toujours, s’occuper des fragiles», a-t-il conclu.