Covid-19: à Turin, polémique autour de masques italiens fabriqués au Maroc

Post facebook pour dénoncer des masques italiens "Made in Morroco"

Post facebook pour dénoncer des masques italiens Made in Morroco . DR

Les habitants de la région du Piémont, en Italie, ont eu la surprise de recevoir dans leur boîte aux lettres des masques gratuits «made in Morocco», alors que ceux-ci, pensaient-ils, étaient censés être fabriqués dans la région de Turin.

Le 17/05/2020 à 17h28

C’est le sujet qui enflamme les réseaux sociaux en ce moment en Italie. Comme annoncé il y a plusieurs semaines, les Piémontais ont bien reçu des masques de protection gratuits dans leur boîte aux lettres.

Plus de cinq millions de masques ont ainsi été produits à cet effet par trois entreprises piémontaises, chose par ailleurs indiquée sur la lettre à en-tête qui accompagne ces masques: "produit et emballé par des entreprises piémontaises".

Toutefois, outre cette inscription, une autre mention a pris de court les Italiens qui crient donc au scandale. En effet, sur les étiquettes de nombreux masques figure une autre inscription: "Made in Morocco".

"Mais comment des masques prétendument produits et emballés par des entreprises piémontaises peuvent-ils être fabriqués au Maroc?", se demande-t-on en Italie, où on ne manque pas d'ironiser sur le sujet à l'instar de Carlo Bogliotti, directeur éditorial de Slow Food Edizioni cité par le journal Torino Repubblica: "j'ai reçu les masques promis par la Région Piémont. Très bienvenu et aussi confortable, j'en avais besoin et je suis heureux et reconnaissant de les avoir à ma disposition et celle de ma famille. Je ne pensais tout simplement pas que le Maroc était dans le Piémont ... ".

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L’affaire est, en fait, assez simple et démontre pour la peine l’importance des mots utilisés. Sur la lettre à en-tête qui accompagne les masques, il est ainsi écrit "produit et emballé par des entreprises piémontaises" et non "produit et emballé dans le Piémont"… Et c’est là toute la différence, relève la publication turinoise.

Ainsi, une partie des masques, 350.000 pièces plus précisément, a été fabriquée par Miroglio, une des trois entreprises piémontaises choisies, située à… Casablanca.

La région du Piémont a donc dû se justifier en publiant un communiqué pour mettre les choses au clair et calmer les esprits: "il est précisé que le contrat de production de 5 millions de masques lavables à distribuer gratuitement à tous les Piémontais a été attribué, par le biais de l'avis d'appel d'offres Scr, à trois sociétés piémontaises. Les sociétés Casalinda et Pratrivero utilisent leur propre chaîne de production, qui comprend des partenaires en dehors de la région du Piémont, mais néanmoins italiens. La société Miroglio, d'autre part, utilise sa propre usine de production du groupe Miroglio au Maroc pour une petite partie de la production destinée au Piémont, environ 350.000 masques".

Mais ce que les Piémontais semblent ignorer, c’est que cette production italienne "Made in Morocco" a fait du bruit au Maroc aussi, il y a quelques semaines de cela. Et c’est précisément l’usine piémontaise Miroglio installée à Casablanca qui avait été taxée, cette fois-ci par les Marocains, de concurrencer les masques de protection à 100% marocains produits par les usines nationales.

Dans un précédent article, Le360 avait ainsi enquêté sur cette entreprise piémontaise, laquelle a converti sa production de prêt-à- porter en production de masques dont une partie est par ailleurs vendue au Maroc au prix de 14 dirhams l'unité, contre 80 centimes pour les masques marocains.

"70% des emballages sont fabriqués en Italie, grâce aux laboratoires internes Miroglio Fashion et à divers partenaires situés dans les régions du Latium, des Abruzzes et de la Campanie. De plus, l'usine de Miroglio au Maroc, ouverte depuis 1994, a récemment été dédiée à l'emballage de masques. D’où le label -Made in Morocco- qui apparaît sur certaines protections déjà distribuées dans le Piémont», indiquait ainsi à ce sujet le quotidien italien La Stampa.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 17/05/2020 à 17h28