La ministre française des Armées Florence Parly est attendue à Athènes pour signer un contrat qui "envoie un message clair dans plusieurs directions", selon son homologue Nikos Panagiotopoulos. En premier lieu à Ankara.
Ce contrat, d'un montant d'environ 2,5 milliards d'euros, porte sur 12 appareils d'occasion et 6 avions neufs.
Il comprend également la fourniture de missiles de croisière Scalp, de missiles antinavires Exocet et des missiles antiaériens à longue portée Meteor.
Cette acquisition a été discutée en un temps record entre les deux gouvernements. La décision de négocier a été prise en septembre par le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis en réaction aux explorations gazières de la Turquie et à ses démonstrations de force dans des eaux disputées avec la Grèce et Chypre.
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Des actions turques "illégales et agressives" selon les dirigeants de l'Union européenne qui ont ouvert la voie à des sanctions contre Ankara.
Six des Rafale sont achetés neufs auprès du constructeur Dassault Aviation et doivent être livrés à partir de 2022.
Mais Athènes voulant disposer sans attendre des avions destinés à lui assurer la supériorité aérienne en mer Egée, 12 sont achetés d'occasion à Paris, qui les prélèvera sur l'inventaire de l'armée de l'Air française.
Les livraisons doivent débuter à l'été et les 18 avions être livrés à l'été 2023, selon un responsable du ministère grec de la Défense. Quatre premiers pilotes grecs doivent commencer leur entraînement en France début 2021, selon cette source.
Pour remplacer les 12 avions cédés à la Grèce, le ministère français des Armées va acquérir 12 appareils neufs. Tout le produit de la cession, "de l'ordre de 400 millions d'euros", servira à financer pour partie l'achat, selon le cabinet de la ministre.
Pour la France, le contrat grec représente la première vente du Rafale en Europe, vers qui Paris cherche à orienter ses exportations d'armements et susciter des coopérations.
Et alors que la France a cruellement besoin d'exportations dynamiques pour conserver la viabilité de son industrie et de sa stratégie de défense, cette vente permet également de donner une visibilité de 18 mois supplémentaires à Dassault Aviation et à ses 500 sous-traitants, dont beaucoup sont affaiblis par la crise du secteur aéronautique.
"Ce contrat Rafale vient couronner le renforcement d'une relation sur les deux-trois dernières années. La Grèce est un pays avec lequel on échange de plus en plus sur les enjeux stratégiques", résume-t-on au cabinet de Florence Parly, en évoquant un "partenariat stratégique de facto déjà mis en œuvre".
Ces derniers mois, la France s'est rangée démonstrativement au côté d'Athènes et a envoyé pendant l'été des Rafale et des navires de guerre face au déploiement de navires militaires et de prospection turcs dans une zone revendiquée par la Grèce.
La Turquie "n'hésite pas à imposer le rapport de force (...) parfois au mépris de son appartenance à l'Alliance (atlantique, Ndlr) ou au droit international", juge Paris dans sa revue stratégique de défense actualisée début janvier.
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En réaction aux tensions avec la Turquie, la Grèce a annoncé son intention d'augmenter ses capacités militaires en 2021 malgré une récession de plus de 10% en 2020 sous l'effet de la pandémie et alors que le pays se remet d'une décennie de crise de la dette.
Athènes prévoit de consacrer 5,5 milliards d'euros à sa défense cette année, multipliant par cinq ses dépenses d'équipements militaires pour les porter à 2,5 milliards d'euros.
Outre l'acquisition des Rafale, Athènes prévoit d'acheter des frégates, des hélicoptères et des drones, de moderniser sa flotte d'avions F-16 et de recruter 15.000 militaires supplémentaires. La Grèce a par ailleurs annoncé qu'elle portait à 12 mois, contre neuf actuellement, la durée du service militaire.
Athènes et Ankara ont toutefois convenu de reprendre lundi à Istanbul des discussions au sujet de leurs différends.