Coiffure et politique: un magnat palestinien croit en Trump

Farouk Shami.

Farouk Shami. . DR

Depuis son accession au pouvoir, Donald Trump s'est mis à dos les Palestiniens en raison de sa politique jugée trop pro-israélienne, sauf Farouk Shami, son ami de longue date, qui continue de croire que le président américain peut amener la paix dans la région.

Le 28/04/2019 à 08h56

Le multi-millionnaire de 76 ans, qui a fait fortune dans l'industrie de la cosmétique, connaît le locataire de la Maison blanche depuis 18 ans et affirme que ce dernier utilise ses produits pour sculpter sa célèbre coiffure.

"Je pense qu'il est déterminé à apporter la paix au Moyen-Orient et en particulier en Palestine", assure Farouk Shami, au cours d'une visite en Cisjordanie occupée.

"J'ai toujours l'espoir qu'un jour, nous aurons la paix, même avec Trump au pouvoir", poursuit-il. Le président américain a adopté depuis sa prise de fonctions une politique de soutien à l'Etat hébreu.

Il a notamment reconnu unilatéralement Jérusalem comme la capitale d'Israël, alors que les Palestiniens souhaitent faire de Jérusalem-Est, occupée et annexée par les Israéliens depuis 1967, la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.

Depuis, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a gelé les relations avec l'administration Trump. En rétorsion, le gouvernement américain a coupé les aides aux Palestiniens.

Farouk Shami a émigré aux Etats-Unis en 1965 et a créé Farouk Systems, une marque de cosmétique haut de gamme. Il affirme être devenu ami avec Donald Trump en sponsorisant les concours de beauté Miss USA et Miss Univers contrôlés à l'époque par le président américain.

Il a ensuite participé à l'émission de télé-réalité de Donald Trump, "The Apprentice". Candidat malheureux au poste de gouverneur au Texas en 2010, Shami s'était présenté sous l'étiquette démocrate, sans que cela affecte sa relation avec le président américain, lui républicain.

"Nous sommes toujours amis, même si je ne suis pas d'accord avec ses opinions politiques concernant la Palestine et Jérusalem", a affirmé Farouk Shami, vêtu d'un costume et de bottes de cow-boy, dans l'institut de coiffure qu'il a ouvert récemment à Betunia, en Cisjordanie occupée.

Le président américain doit dévoiler dans les prochaines semaines son initiative diplomatique concernant Israël et les Territoires palestiniens. Farouk Shami raconte qu'il a parlé à Donald Trump il y a quelques mois, lors d'un dîner à Houston, au Texas, où il réside.

"Nous avons besoin de la paix en Palestine", lui a-t-il alors dit. "Il a répondu: +Moi aussi, je veux la paix en Palestine+", rapporte Shami, se disant confiant sur la création future d'un Etat palestinien avec Jérusalem comme capitale.

Donald Trump lui aurait également demandé des nouvelles de la santé du président palestinien, Mahmoud Abbas. Shami, qui dispose d'un passeport palestinien et d'un passeport américain, a expliqué avoir aussi rencontré le président palestinien et d'autres hommes politiques palestiniens ces dernières années. Mais il affirme ne pas vouloir devenir un médiateur.

La relation qu'entretiennent Shami et Trump passe aussi par les cheveux. Selon le magnat palestinien, les deux époux Trump utilisent ses produits. La chevelure jaune-orange du président américain est mondialement connue et souvent moquée. Certains Palestiniens la comparent au knafeh, une pâtisserie locale à base de cheveux d'ange de couleur orange.

Né dans le village de Beit Ur, près de Ramallah, en Cisjordanie occupée, Shami retourne dans sa région natale deux fois par an. Il affirme avoir dépensé des dizaines de millions de dollars dans des projets de développement dans les territoires palestiniens. "Mon corps est en Amérique, mon coeur est toujours en Palestine. Je ne peux pas offrir la liberté à la Palestine pour le moment mais je pense que nous devons bâtir notre économie", explique-t-il.

Outre un institut pour former des coiffeurs palestiniens à Betunia, Shami a également fondé un centre de beauté à Abou Dis, située dans l'agglomération de Jérusalem mais séparée d'elle par un mur. "Nous ne sommes pas là pour leur vendre des produits", poursuit le magnat en parlant des Palestiniens. "Nous sommes là pour leur offrir une meilleure éducation et plus de formation afin qu'ils aient des revenus plus élevés".

Le 28/04/2019 à 08h56