Dans son rapport mensuel, le WASDE (World Agricultural Supply and Demand Estimates), l’USDA anticipe une production mondiale de 790,75 millions de tonnes, soit 7,4 millions de tonnes de moins que sa première estimation, le mois dernier.
Dans le détail, le ministère a raboté de 5 millions de tonnes sa projection de récolte en Russie, et de 1,5 million de tonnes chacune pour l’Ukraine et l’Union européenne. Le sud-ouest de la Russie, principale région de production du blé dans ce pays, souffre de sécheresse depuis plusieurs mois.
À ce phénomène est venue s’ajouter une vague de froid en mai, qui a frappé les cultures alors qu’approchait la récolte. Le cabinet spécialisé SovEcon a abaissé son estimation de production russe de 94 à 80,7 millions de tonnes.
Quant à la production dans l’Union européenne, elle a pâti de précipitations trop abondantes, notamment en France. La révision marquée des prévisions de récolte de l’USDA a été compensée par une hausse de l’estimation des stocks de début de période et une baisse de la consommation attendue.
Autre élément relativisant la dégradation en Russie, Ukraine et Union européenne, la récolte annoncée aux Etats-Unis a été revue en hausse de près d’un demi-million de tonnes. «Tout le monde avait dit que la production allait peut-être baisser» parce que l’état moyen des cultures s’était détérioré aux Etats-Unis ces dernières semaines, tant pour le blé d’hiver que le blé de printemps, rappelle Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtages. Au lieu de cela, «ils l’augmentent.»
Les cours restent moroses
La conjonction de tous ces facteurs fait que les stocks de fin de période, tels que calculés par le ministère américain, «baissent un petit peu, mais pas autant que prévu», a constaté Damien Vercambre. «C’est ce qu’on attendait», a commenté Gautier Le Molgat, PDG d’Argus Media France, au sujet des ajustements de récolte attendue pour 2024/25, une campagne qui débute notamment début juin aux Etats-Unis.
Une des quelques surprises du rapport est venue, selon ce dernier, des estimations d’importation par l’Inde, inchangées alors que le marché s’attend à ce que le gouvernement indien supprime une taxe de 40% sur le blé étranger, dans le but de favoriser la reconstitution des stocks locaux.
Après la publication du rapport de l’USDA, le cours du blé américain était dans le rouge. Le contrat de référence du blé d’hiver SRW (Soft Red Winter Wheat), pour livraison en juillet, reculait de 1,51%, à 6,17 dollars le boisseau (environ 27 kg).
Les changements effectués par l’USDA ont été beaucoup plus restreints pour le maïs et le soja. Le ministère américain de l’Agriculture a légèrement réduit son estimation de stocks de fin de période pour le grain jaune, du fait de moindres stocks de début de période et d’une consommation plus allante.
Ces ajustements ont bénéficié aux prix du maîs américain, qui ont pris 1,05% pour le contrat de référence. «Il y a une baisse de la consommation de blé et ils imaginent qu’on va piocher plus de maïs», souligne Gautier Le Molgat, le report s’effectuant surtout pour la consommation animale. L’amélioration des stocks de début de période et la consommation plus soutenue font mieux que compenser une petite augmentation de la production estimée, notamment en Ukraine.