Algérie: le régime du Dinar donne faim, le piège de la dévaluation se referme sur Tebboune

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Ramadan risque de tourner au jeûne forcé pour les Algériens. Des produits de première nécessité, nécessaires à des mets usuels, risquent de manquer sur les tables du ftour... Et tout cela, en raison d’une politique monétaire désastreuse qui a anéanti le pouvoir d’achat des consommateurs. Une situation que le Hirak aura forcément du mal à digérer.

Le 15/03/2021 à 17h21

Une courgette au prix du caviar Beluga imperial sur les étalages... Une patate dont la pancarte affichant le prix peut se confondre avec celle de truffes du Périgord... Des sardinettes qui se prennent carrément pour du homard dans les marchés aux poissons... Ou, plus prosaïquement, de la viande blanche qui se voit pousser des ailes depuis que la viande rouge est interdite d'accès au territoire. Et pendant ce temps, les Algériens, eux, broient du noir quand ils font leur marché. Alors que le mois sacré du Ramadan 1442 pointe son «hilal», les ménages algériens ont bien du mal à faire leurs emplettes dans les souks. C’est qu’ils se retrouvent désargentés, devant la pénurie inédite de produits alimentaires usuels, et la hausse vertigineuse du coût de la vie, qu'ils ne peuvent que constater. Les liasses de Dinars ne pèsent plus vraiment lourd dans le panier de la ménagère algérienne. 

Avec 50 à 100% de hausse sur les prix de produits alimentaires de base, le pouvoir d’achat s’est en effet effondré dans le pays. La situation est telle que même la presse aux ordres du régime ne peut plus dissimuler cette réalité. Il n’y a aujourd'hui plus que les instances algériennes, avec leurs étalons de mesure très approximatives, pour maquiller cette désastreuse situation. «La hausse continue des produits alimentaires depuis plusieurs mois apporte un cinglant démenti au premier argentier du pays et à l’Office national des statistiques (ONS)», écrit le pourtant très révérencieux Liberté. Même le ministère du Commerce a supprimé sur son site la rubrique dédiée à la «mercuriale», soit la très surannée liste des prix des denrées sur le marché public, remontant à l’ère communiste, et qui ne survit aujourd'hui qu’en Algérie.

Cette situation désastreuse est la conséquence de l’effet de la dépréciation continue du Dinar, couplée à l’épuisement des réserves de changes. Le recul des recettes pétrolières a restreint la marge de manœuvre à l’importation de l’économie algérienne, au point que les denrées alimentaires se retrouvent concernés par des mesures de restriction. Dans un pays qui a besoin d’importer pour se nourrir, l’effet est désastreux. «Y a-t-il une production algérienne d'huile? Non, puisque la matière première est importée. Idem pour le sucre. On est dans le même schéma que les CKD et SKD de la «production» automobile de la précédente mandature», analyse l’éditorialiste de L’Expression, qui fustige les discours trompeurs d’un régime qui a choisi la facilité pour maquiller sa faillite financière.

La dévaluation de la monnaie algérienne permet aux dirigeants de faire tourner à plein régime la planche à Dinar. Mais il ne s’agit là que d’une tentative désespérée pour entretenir l’illusion que les transferts sociaux restent au même niveau, alors que la monnaie ne vaut même plus son coût en zinc. Ces subventions publiques ne font plus le poids face à la flambée du coût du panier de la ménagère. Le volume des matières importées -et donc forcément payées en devises- devient insoutenable pour maintenir une telle approche.

Le piège de cette politique monétaire hasardeuse se referme donc sur un régime dont l’incompétence et l’illégitimité est de plus en plus décriée par le mouvement de contestation du Hirak qui veut en découdre avec cet Etat militaire, qui ne connaît d’autres politiques économiques que celle de la fuite en avant.

Par Fahd Iraqi
Le 15/03/2021 à 17h21