Algérie: le régime autorise un sit-in de solidarité avec le Polisario, mais interdit toute manifestation de soutien à la Palestine

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune (droite) et Brahim Ghali, chef du Polisario.

Au lendemain de la mort du chef politique du Hamas, tué mercredi dernier à Téhéran, le régime d’Alger s’est retrouvé en état de panique maximale, craignant des manifestations spontanées en soutien à la Palestine, bien que celles-ci sont strictement interdites par une junte qui s’autoproclame héraut de la cause palestinienne. Comble du mépris pour les sentiments des Algériens, dont les regards sont rivés sur Gaza, le régime d’Alger a rameuté, le jeudi 1er août, quelques dizaines de personnes pour simuler un sit-in de solidarité avec les séparatistes du Polisario, suite à la reconnaissance de la marocanité du Sahara par la France.

Le 03/08/2024 à 13h47

Certains médias relevant directement du régime algérien ont fait état de la tenue, le jeudi 1er août, d’un sit-in devant l’«ambassade» du Polisario à Alger. On apprend ainsi que «des organisations et associations de la société civile ont organisé, jeudi, un sit-in de solidarité avec le peuple sahraoui… en protestation contre le soutien de la France au plan d’autonomie marocain comme seule base de règlement du conflit du Sahara» dans le cadre de la souveraineté marocaine.

Bien évidemment, c’est l’anonymat total qui a entouré l’identité desdites «organisations et associations de la société civile». Pas le moindre nom de l’une ces entités, ni de leurs dirigeants ou membres venus protester contre la décision du gouvernement français auprès du soi-disant représentant du Polisario à Alger. L’ambassade de France à Alger et ses nombreuses dépendances disséminées à travers la capitale algérienne ont donc été épargnées de ce brouhaha futile, destiné non pas à rabrouer le gouvernement français, mais seulement à la consommation locale.

En effet, l’on se demande pourquoi le régime algérien a toujours refusé d’autoriser des marches ou des rassemblements de soutien à la Palestine, au moment où il organise lui-même un sit-in de solidarité avec le Polisario. D’autant que depuis 2007, et la présentation du plan marocain d’autonomie, les soutiens à cette initiative n’ont cessé de se multiplier, et jamais un sit-in de protestation n’a été organisé à Alger avant celui de jeudi dernier.

Pour ne citer que les plus retentissants et récents soutiens à la marocanité du Sahara, pourquoi un tel sit-in n’a pas été organisé après la décision américaine de décembre 2020, ou celle de l’Espagne en 2022? Pourquoi maintenant?

Simplement parce que le régime algérien sait très bien que ce qu’il appelle «la cause sahraouie» n’intéresse pas les Algériens, en dépit d’une propagande forcenée et d’un formatage quotidien, alors que la cause palestinienne attire spontanément la foule. Or, c’est cette foule que craint le régime, la soupçonnant de vouloir réveiller le Hirak.

L’autorisation de ce sit-in en faveur du Polisario et l’interdiction de manifestations pour la Palestine montrent de façon claire l’échec du régime à établir un parallèle entre la «cause sahraouie», qui reste sa principale préoccupation, et la Palestine, qu’il utilise comme propagande pour légitimer son pouvoir plus que jamais contesté par les Algériens.

Ce qui est certain, c’est que les «organisations de la société civile algérienne» qui ont tenu un sit-in de soutien au Polisario n’ont pas eu besoin d’autorisation pour ce faire, mais ont été enrôlées pour servir de figurantes dans une théâtralisation visant à diaboliser la France, accusée à l’occasion de «tentatives de porter atteinte à la stabilité de la région».

Or, face à ce nouveau coup de Jarnac que vient de lui asséner la France, à la suite de sa décision historique de reconnaître la marocanité du Sahara, le régime algérien a réagi en dilapidant le peu de crédit diplomatique qui lui restait encore.

Pour la quatrième fois depuis 2020, il commet la même bêtise diplomatique en rappelant son ambassadeur en France, alors qu’il sait parfaitement que cette «sanction» a toujours été improductive et n’a jamais fait revenir Paris sur les décisions et prises de positons qui fâchent à Alger. Qu’il s’agisse de la fiction diffusée par Arte en mai 2020 sur les crimes et la corruption des généraux algériens, des propos d’Emmanuel Macron en octobre 2021 sur l’inexistence d’une nation algérienne, de l’exfiltration vers la France de la journaliste franco-algérienne Amira Bouraoui, ou de la reconnaissance ce 30 juillet de la marocanité du Sahara, le régime d’Alger a toujours fini par faire revenir son ambassadeur à Paris sans la moindre contrepartie. À part sa propre humiliation.

Par Mohammed Ould Boah
Le 03/08/2024 à 13h47