À 42 ans, Rishi Sunak nouveau Premier ministre britannique

Rishi Sunak, le 23 octobre 2022 à Londres.

Rishi Sunak, le 23 octobre 2022 à Londres. . DANIEL LEAL / AFP

Rishi Sunak va devenir le prochain Premier ministre britannique: l'ex-ministre des Finances a remporté, lundi 24 octobre 2022, la course à Downing Street après le renoncement de Boris Johnson et l'échec de son adversaire Penny Mordaunt à se qualifier.

Le 24/10/2022 à 14h37

Agé 42 ans, ce petit-fils d'immigrés d'origine indienne au parcours typique de l'élite britannique entre dans l'histoire en devenant le premier non-blanc à diriger le gouvernement du Royaume-Uni.

La victoire de ce député qui a prêté serment au Parlement sur la Bhagavad Gita, texte considéré comme l'un des écrits fondamentaux de l'hindouisme, intervient en pleine fête hindoue de Diwali.

«Je peux confirmer que nous n'avons reçu qu'une candidature valide», a déclaré le responsable de l'organisation du scrutin, Graham Brady, «Rishi Sunak est ainsi élu chef du parti conservateur».

Le parti étant majoritaire à la Chambre des communes, Rishi Sunak devient ainsi Premier ministre, avec le défi de s'attaquer à une profonde crise sociale et tenter d'unifier une majorité que certains jugent ingérable après 12 ans au pouvoir. 

«Je veux redresser notre économie, unir notre parti et agir pour notre pays»s, a-t-il déclaré dimanche en annonçant sa candidature sur Twitter lors d'un intense week-end de tractations. Voulant marquer sa différence par rapport à Boris Johnson, il a promis «intégrité, professionnalisme et responsabilité».

Une fois la démission de Liz Truss, poussée au départ après la tempête financière provoquée par ses projets de baisses d'impôts massives, formellement remise au roi Charles III, le souverain chargera Rishi Sunak de former un nouveau gouvernement, dans un calendrier qui doit être précisé d'ici peu.

Il s'agira d'une première pour le nouveau souverain, qui a accédé au trône le 8 septembre dernier, après la mort de sa mère, Elizabeth II.

Candidat malheureux cet été contre Liz Truss, Première ministre éphémère qui a annoncé sa démission après seulement 44 jours au pouvoir, Rishi Sunak sera le cinquième Premier ministre depuis le référendum du Brexit de 2016, qui a ouvert un long chapitre de turbulences économiques et politiques inédites au Royaume-Uni.

Faute d'être parvenue à recueillir 100 parrainages, son adversaire, la ministre des Relations avec le Parlement, Penny Mordaunt, 49 ans, a été éliminée.

Elle a reconnu sa défaite sur Twitter, peu avant l'annonce officielle.

Les 170.000 membres du parti conservateur n'ont ainsi pas à être consultés, un processus qui aurait retardé jusqu'à vendredi l'émergence du vainqueur.

Rishi Sunak, l'ancien Chancelier, gardien de l'orthodoxie budgétaire, a séduit une grande partie de son camp et va arriver au pouvoir dans un Royaume-Uni qui traverse une sévère crise économique et sociale, avec une inflation à plus de 10% et des grèves qui se multiplient.

La situation n'a cessé de se dégrader ces derniers mois, alors que le gouvernement était paralysé par les soubresauts successifs agitant la majorité. Elle a été encore aggravée par les errements de Liz Truss qui ont déstabilisé les marchés et fait chuter la livre.

Rishi Sunak avait régulièrement dénoncé, cet été, le plan économique de Liz Truss. Il apparaît comme une figure rassurante pour les marchés britanniques.

Dans un spectaculaire retournement, son ancien patron, l'ex-Premier ministre Boris Johnson a annoncé dimanche soir qu'il renonçait à se présenter, en raison des divisions au sein de la majorité.

Toujours sûr de lui, Boris Johnson, 58 ans, s'est lui dit convaincu qu'il aurait eu, s'il avait choisi d'être candidat, «une bonne chance (...) de retourner à Downing Street». Il avait annoncé sa démission en juillet, acculé par des dizaines de démissions dans son gouvernement, dont celle de Rishi Sunak.

Il s'est dit «bien placé» pour mener son camp, au pouvoir depuis 12 ans, lors des prochaines législatives prévues dans deux ans.

Largement en force dans les sondages, l'opposition travailliste appelle sans relâche à des élections anticipées.

Par Tarik Qattab
Le 24/10/2022 à 14h37