Fatim-Zahra Rajmi, envoyée spéciale de ChoufTV à Sebta, arrêtée en raison de la teneur de ses reportages

Fatim-Zahra Rajmi, journaliste à Chouf TV

Fatim-Zahra Rajmi, journaliste à Chouf TV . DR

Fatim-Zahra Rajmi, journaliste connue pour ses reportages de terrain diffusés en live sur le site ChoufTV, a été arrêtée ce vendredi matin, 21 mai 2021, à Sebta. Driss Chahtane, directeur de ce média en ligne, raconte les péripéties de la journaliste et les raisons de cette arrestation qui indigne la profession au Maroc.

Le 21/05/2021 à 19h39

Les journalistes au Maroc sont sous le choc. Leur consœur, Fatim-Zahra Rajmi, a été interpellée, ce vendredi 21 mai, à Sebta, par plusieurs éléments de la Guardia Civil, lourdement armés.

Interrogé par Le360, Driss Chahtane, fondateur et directeur de la publication de ChoufTV, média en ligne le plus populaire au Maroc, affirme que la journaliste Fatim-Zahra Rajmi a été envoyée à Sebta, parce qu’elle dispose de la double nationalité, marocaine et espagnole. Cela permet de faciliter son accès à Sebta. Il ajoute qu’elle est entrée dans le préside occupé en faisant l’itinéraire Tanger-Algesiras-Sebta par voie maritime (traversée spéciale).

Fatim-Zahra Rajmi a couvert, de l’intérieur de Sebta, l’afflux de migrants sur cette ville. La veille de son interpellation, "elle a reçu des pressions d’éléments de la Guardia Civil qui lui ont reproché d’utiliser dans ses reportages l’expression: Sebta occupée", nous confie Driss Chahtane.

"Ce vendredi matin, à 10h, alors qu’elle se dirigeait de Sebta à Algesiras pour couvrir un sit-in devant le consulat du Maroc contre l’accueil par les autorités espagnoles du chef du Polisario, elle a été surprise par l’irruption de trois véhicules, à l’intérieur desquels se trouvaient des policiers lourdement armés. Ils l’ont interpellée, menottée et embarquée en lui affirmant qu’elle faisait l’objet d’une enquête", poursuit le fondateur de ChoufTV.

Driss Chahtane ajoute que la Guardia Civil l’a appelé par téléphone pour lui passer la journaliste, Fatim-Zahra Rajmi, qui lui a affirmé que le plus clair de l’interrogatoire tournait autour des raisons qui la poussent à utiliser l’expression "Sebta occupée" dans ses reportages.

Driss Chahtane ajoute que la rédaction a pris contact avec un avocat espagnol pour défendre l’envoyée spéciale de ChoufTV.

Lors de sa couverture des évènements, hier jeudi 20 mai depuis Sebta, Fatim-Zahra Rajmi a pu rencontrer plusieurs migrants marocains, pour la plupart des mineurs, qui lui ont fait part des actes d’intimidation et des agressions dont ils ont été victimes depuis qu’ils ont rejoint l’enclave occupée.

Dans l’un de ses reportages, elle a mis en avant l’effort de solidarité dont ont fait preuve certaines familles marocaines résidantes à Sebta, en distribuant des repas au profit des migrants.

L’interpellation de Fatim-Zahra Rajmi a été vivement dénoncée par le syndicat national de la presse marocaine qui y voit une "violation manifeste de la liberté de la presse et d’expression", appelant à la libération immédiate et inconditionnelle de la journaliste de Chouf TV. L’Association nationale des médias et des éditeurs (ANME), qui regroupe les principales entreprises de presse au Maroc, a également rendu public un communiqué qui dénonce vigoureusement l’arrestation de l’envoyée spéciale de ChoufTV par les autorités espagnoles et appelle à sa libération immédiate.

Par Wadie El Mouden
Le 21/05/2021 à 19h39