Dans une tribune parue hier, lundi 28 septembre, dans les colonnes du magazine espagnol Atalayar, et intitulée «Le Front Polisario affronte l’ONU», la récente crise d’El Guerguerat a été analysée comme une machination ourdie par le tandem Algérie-Polisario en vue de faire pression sur le Conseil de sécurité de l’ONU. Celui-ci, écrit le magazine, «doit discuter en octobre du rapport préparé par le Secrétaire général António Guterres afin de prolonger le mandat de la mission de l'ONU, la Minurso, qui surveille le cessez-le-feu entre le Maroc et le Polisario depuis 1991».
Bien évidemment, lors de sa session d’octobre, le Conseil de sécurité aborde chaque année le conflit créé autour du Sahara. Mais ces dernières années, l’exécutif onusien prône une solution politique et réaliste au conflit du Sahara, enterrant de la sorte l’option, au demeurant irréalisable, de l’organisation d’un référendum. Or, c’est justement cette dynamique réaliste qui prime désormais à l’ONU que l’Algérie et le Polisario tentent aujourd’hui de dynamiter à travers un acte clairement belliqueux. En effet, écrit Atalayar, le Polisario «a décidé de mobiliser des centaines d'habitants des camps de réfugiés de Tindouf, en les transportant dans des camions et des véhicules 4x4, le long de la bande séparant les camps en territoire algérien de la zone tampon gardée par la Minurso au sud» du Maroc.
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Selon Atalayar, même si ce défi a été surtout lancé au Conseil de sécurité, afin qu’il le mentionne dans sa résolution d’octobre prochain comme une tension prévalant au Sahara, c’est finalement un fiasco que le Polisario a récolté. Non seulement le secrétaire général de l’ONU a immédiatement tapé du poing sur la table en enjoignant au Polisario de ne jamais plus tenter de bloquer une circulation commerciale pacifique, transitant par El Guerguerat, mais cette injonction de «ne point obstruer la circulation civile et commerciale régulière dans la zone tampon» jouxtant El Guerguerat risque de figurer en bonne place dans la prochaine résolution du Conseil de sécurité.
Pour sa part, le Maroc a rapidement pris la mesure de cette provocation en se préparant, sur le terrain militaire, à toute éventualité. Selon Atalayar, et en guise de message fort à l’Algérie et au Polisario, «le Maroc envisage toutes les hypothèses d'évolution de la situation et maintient ses forces en alerte». Le périodique espagnol rappelle que «le gouvernement marocain n'a pas encore répondu officiellement, mais a envoyé l'inspecteur général des forces armées, le général Abdel Fattah Louarak, numéro deux dans la hiérarchie militaire après le Roi Mohammed VI, chef suprême des FAR, dans la région pour superviser l'état des forces marocaines, face à tout scénario qui pourrait découler de la tension actuelle».
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De même, l’autre défi lancé par le Polisario a visé en particulier la Mauritanie, menacée «d'étranglement commercial, en fermant la seule frontière terrestre de ce pays avec le nord», souligne le magazine espagnol. L’échec de cette manœuvre est d’autant plus cinglant, que la Mauritanie, premier de cordée dans le trafic commercial entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne, n’a à aucun moment pris directement langue avec l’Algérie ou le Polisario, choisissant plutôt de les mettre médiatiquement en garde contre toute atteinte à ses intérêts vitaux. Cette position réaliste est à l’unisson de celle des autres pays de la région ouest-africaine qui se rangent derrière l’ONU, en total respect des décisions de l’Union africaine, qui considère que le dossier du Sahara est du seul ressort de l’ONU.
Finalement, face à cette forte union qui s’est formée contre lui, le Polisario a mis à nu la division de ses dirigeants qui se rejettent aujourd’hui la responsabilité de cette mauvaise décision… prise en réalité par l’Algérie. Décidément, c’est à croire qu'Alger est en train de pousser le Polisario au suicide.