La troisième édition du rapport «Luxe et Technologie», édité par le Comité Colbert, association de promotion de l’industrie française du luxe, se consacre cette année à l’intelligence artificielle (IA) et à son usage au sein des prestigieuses marques françaises, à commencer par celles qui composent ladite association, dont Louis Vuitton, Cartier ou encore Hermès.
Manque d’expertise et de ressources, problématiques liées à la gestion des données, notamment la sécurisation et l’exploitabilité de la smart data… autant d’écueils qui rendent frileuses les Maisons de luxe quand il s’agit d’avoir recours à l’IA, à en croire les résultats de ce rapport. Mais plus pour longtemps: l’année à venir pourrait être porteuse de nombreux changements, vu que chacune des entreprises participant à cette étude a indiqué être en phase de test ou de planification de stratégies liées à l’IA.
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Un changement de cap qui serait lié à une prise de conscience du potentiel de l’IA au sein du monde du luxe. «L’arrivée de l’IA générative notamment, plus accessible et moins coûteuse que l’IA analytique, devrait permettre aux petites Maisons de combler une partie de leur retard sur les plus grandes», explique ainsi Mathilde Haemmerlé, responsable du pôle Luxe France chez Bain & Company et co-autrice de l’étude.
Les champs d’application de l’IA dans le luxe
Ce rapport s’attarde notamment sur les champs d’application de l’IA privilégiés par les Maisons. On retrouve, en première place, l’efficience opérationnelle, 60% des griffes interrogées déclarant avoir adopté ou vouloir tester des solutions de prévision des ventes basées sur l’IA. Près de 50% d’entre elles indiquent travailler avec l’IA pour optimiser l’allocation de leurs stocks, tandis que 36% s’en servent pour des opérations de contrôle qualité.
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Quant aux outils de l’IA liés à l’engagement et à la relation client, ils auraient le vent en poupe, avec une prédilection pour les solutions liées à la génération de contenu marketing, la personnalisation du dialogue client-vendeur ou encore la segmentation clientèle.
Parmi les autres instruments proposés par l’IA, certains sont moins usités pour le moment, mais suscitent un vif intérêt. L’étude se penche ainsi sur les outils liés à l’augmentation des compétences des collaborateurs -notamment la gestion des connaissances, utilisés par seulement 4% des Maisons à ce jour, mais qui sont actuellement testés ou le seront bientôt par 49% d’entre elles. Il en est de même pour les outils liés à la formation des collaborateurs et l’administration des recrutements.
Quid du processus de création?
La création, dernier bastion contre l’IA? C’est la question épineuse qui se pose quant à l’usage de cette technologie dans le processus de création. «Le taux d’acceptation par les dirigeants reste très limité, avec moins de 3 Maisons sur 10 qui ne sont pas opposées à l’intégration de l’IA dans ce domaine», indiquent les auteurs de l’étude.
Et pour cause, le monde du luxe n’est majoritairement pas encore disposé à «remettre en cause le rôle et la contribution du directeur artistique, mais plutôt à élargir les champs d’inspiration», pointe l’étude. Il n’en demeure pas moins que 34% des Maisons sondées sont en phase de test d’un outil IA pour la conception de leurs produits, et 21% pour la planification des tendances.