Comme chaque année, la Bourse de Casablanca a pris part à l’évènement international "Ring the bell for gender equality". Hier, mardi 10 mars, l’association du Club des femmes administrateurs (CFA) a été conviée à cette cérémonie, l’occasion de faire le point sur les enjeux et la présence des femmes dans les organes de gouvernance, ainsi que les actions menées par l’association.
Créée en mars 2012, le CFA est une association à but non lucratif, regroupant aujourd’hui plus de 60 dirigeantes et hauts cadres qui militent et agissent en faveur du renforcement du rôle des femmes dans le développement des entreprises au Maroc.
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L’action de l’association s’articule autour de 7 axes principaux:
- Promouvoir, encourager et développer l’accès des femmes aux postes d’administrateurs. L’association répertorie les profils de femmes ayant déjà une expérience d’administrateur, ou la formation et le parcours requis, pour remplir une telle fonction et les promeut sur le marché du travail.
- Orienter, encadrer, informer et assister les femmes administrateurs dans leur action.
- Promouvoir l’image de la femme administrateur au Maroc et à l’étranger.
- Etre une force de proposition auprès du gouvernement, des administrateurs publics et des régulateurs, pour la mise en place d’outils favorisant une meilleure représentativité des femmes dans les organes de gouvernance des entreprises marocaines.
- Intégrer des réseaux internationaux de femmes administrateurs poursuivant des objectifs similaires à travers le monde. Depuis sa création, le CFA est membre du réseau international Women Corporate Directors (WCD) et vient de signer un partenariat avec The Boradroom Africa, un réseau panafricain.
- Promouvoir les principes de bonne gouvernance.
- Mener toute action de nature à promouvoir directement ou indirectement l’association et ses membres.
Lors de la création du Club des Femmes Administrateurs en 2012, les sociétés cotées, au Maroc, comptaient 7% de femmes administrateurs.
Aujourd’hui ce taux est de 15%, et 34% des administrateurs indépendants sont des femmes, selon Nezha Hayat, présidente de l’AMMC (Autorité marocaine du marché des capitaux) et co-fondatrice de CFA.
«La diversité et la mixité jouent un rôle très important pour améliorer la performance de l’entreprise. C’est un vrai levier de croissance. Aujourd’hui toutes les expériences à l’étranger ont montré l’efficacité de cette mixité, et nous sommes, au Maroc, en train de vivre une bonne dynamique avec une réelle prise de conscience de l’importance que peut avoir la femme au sein des conseils d’administrations et de surveillance», explique Amina Figuigui, présidente de l’association du Club des femmes administrateurs.
En effet, les agences de notations comme Moody's et les grands fonds d’investissement internationaux, tels que Blackrock, prennent en considération la parité au sein des entreprises.
Quand une entreprise affiche un taux de diversité inferieur à 30%, elle s’écarte des normes globales de l’agence de notation américaine.
Quant au premier fond d’investissement du monde (plus de 5000 milliards d’actifs sous gestion), il a fait savoir aux entreprises dont il est actionnaire qu’elles devront se justifier quand moins de deux femmes siègeront à leur conseil d’administration, faute de quoi elles s’exposent à des votes sanctions.
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S’inscrivant dans cette dynamique internationale, l’association se donne, d'ici à 2022, les objectifs suivants:
- Devenir une référence dans le «top of mind» des dirigeants en quête de femmes administrateurs.
- Elargir le club pour constituer un vivier significatif et représentatif des compétences existantes pour les entreprises en recherche de femmes administrateurs.
- Atteindre 30% de femmes dans les conseils d’administrations et de surveillance des entreprises, des établissement publics et des sociétés faisant appel public à l’épargne.
En France, l’adoption de la loi Coppé-Zimmerman en 2011 a permis l’accélération de la féminisation des conseils d’administrations. Aujourd’hui 43,7% des administrateurs des sociétés du SBF 120 (dont des entreprises du CAC 40) sont des femmes, contre seulement 11% il y a 20 ans.
Dans une société telle que la nôtre, où l'homme est sacralisé, le défi est de taille, mais l'engagement et l'action des femmes du CFA pourra peut-être un jour aboutir à une loi similaire au Maroc.