Durant ses 100 jours à la tête du ministère, Bouchareb est restée à l’écart des médias, préférant se concentrer sur les dossiers qui l'attendaient. La phase de transition est décisive pour ce ministère qui recouvre des secteurs transverses (habitat, urbanisme, aménagement du territoire, politique de la ville). Elle intervient à un moment où le Maroc est plongé dans une profonde réflexion sur son futur modèle de développement.
Lauréate de l’Ecole Mohammedia des ingénieurs (elle est également diplômée de l’Iscae), Bouchareb a la réputation d'être une bosseuse infatigable, décrite par ses proches collaborateurs comme une mordue du travail, enchaînant les réunions, souvent jusqu’à des heures tardives.
Les trois premiers mois de son mandat étaient une sorte de séquence de mise à niveau informationnelle qui devrait déboucher sur un plan d’action pour le ministère. Bouchareb s’attelle à asseoir une nouvelle gouvernance, en ligne avec les impératifs du chantier de la déconcentration administrative, se traduisant par une nouvelle cartographie de l’action du ministère à l’échelle territoriale.
Il s’agit de définir un nouveau positionnement stratégique des bras opérationnels du ministère (Agences urbaines, Al Omrane, délégations, inspections, etc), avec ce que cela exige en termes de redéploiement de ressources et de transfert de missions et compétences. «Nous sommes en train de réfléchir à la mise en place d’un système de gestion de la performance. Des objectifs chiffrés, clairs et précis seront déclinés en plans d’actions pour chacune des directions au niveau des régions», soutient la ministre.
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Le secteur de l’immobilier traverse une crise profonde. Presque tous les indicateurs sont dans le rouge (production, ventes du ciment, crédits à la promotion immobilière, etc). Bouchareb y voit le signe normal d’un relâchement cyclique qui se répète tous les dix ans. Cela est dû, dit-elle, à une combinaison de facteurs:
– Une partie de la demande est déjà absorbée, le déficit en logements est passé de 1,2 million à 400 mille unités. Ajouter à cela l’inadéquation entre la demande et la production à l’échelle régionale.
– La rareté du foncier
– Un manque de confiance entre les acquéreurs, aggravé par les phénomènes de fraude et d’escroquerie immobilière.
Consciente de cette situation, la ministre multiplie les séances d’évaluation en concertation avec l’ensemble des intervenants dans l’écosystème de l’habitat. Favorisant une logique de co-construction, Bouchareb se dit prête à apporter toutes les propositions de l’écosystème, à condition qu’elles soient dans l’intérêt du citoyen.
Concernant l'affaire Bab Darna, Bouchareb assure que le gouvernement suit de près ce dossier porté devant la Justice. «Je ne peux que dénoncer cette pratique illégale qui porte atteinte à l’image de la promotion immobilière et des promoteurs», a affirmé la ministre, tout en exprimant son soutien aux victimes de cette escroquerie. «Aujourd'hui, il est inconcevable d'accepter de telles pratiques frauduleuses, qui abusent de la confiance des citoyens marocains. L'affaire est en cours. La Justice tranchera», a-t-elle ajouté.
Pour rétablir la confiance, la ministre s’engage à déployer tous les efforts afin de renforcer le cadre juridique, notamment celui encadrant l'achat sur plan et le logement participatif. «Le texte sur la Vente d’immeuble en état d’achèvement (Vefa) a été élaboré selon un processus de concertation étroite et continue avec les acteurs concernés et a fait l'objet de plusieurs séances de travail avant d'adopter la mouture finale de l’avant-projet du décret. Ce qui a engendré un retard depuis 2016», explique Bouchareb.
Elle affirme avoir tenu ces derniers jours une série de réunions avec les acteurs concernés, notamment la Fédération nationale des promoteurs immobiliers, les banques, les compagnies d’assurances, les notaires en vue d’accélérer la finalisation du texte du décret dans le sens d’une amélioration des mécanismes de la mise en œuvre de la VEFA.
Par ailleurs, poursuit la ministre, un dialogue a été ouvert avec les départements en charge des coopératives (ministère du Tourisme et de l’Artisanat) et des amicales (ministère chargé des Relations avec le parlement, ministère de l’Intérieur) dans l’objectif de réviser le cadre juridique régissant ces entités et ainsi garantir les droits à la fois des acquéreurs et des promoteurs.