Le wali de Bank Al-Maghrib (BAM) est convaincu que le recours à la planche à billets pourrait provoquer des effets économiques dommageables, n’excluant pas une perte de souveraineté du pays vis-à-vis des institutions financières internationales, notamment le FMI. Abdellatif Jouahri, qui a été ministre des Finances lors des années du Programme d’ajustement structurel (PAS), veut coûte que coûte éviter ce type de solutions qu’il n'hésite pas à qualifier de «simplistes». «Tant que j’aurais cette responsabilité, je veillerais à ne pas céder à ces idées simples. On ne peut pas précipiter le pays dans des situations d’insolvabilité dont les conséquences touchent essentiellement les personnes ayant un faible ou moyen revenu», a lancé Jouahri lors de son point de presse, mardi 22 septembre, en réponse à une question de Le360.
A ceux qui lui collent une vue «stricte et orthodoxe», Jouahri invite à regarder de près la structure de la balance des paiements: «Quand vous avez un déficit commercial structurel où le volume des importations constitue le double de celui des exportations. Quand vous jouez avec des choses comme ça [planche à billets, NDLR], vous bouffez très rapidement ce qui vous reste dans les réserves de change», a-t-il martelé. Et d’ajouter: «A ce moment-là, ce n’est pas la planche à billets qui va permettre de financer les importations de pétrole, de céréales, de pièces de rechange, etc.».
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Le wali de BAM illustre ses propos en se référant à l’exemple du voisin de l’Est où le recours à la planche à billets a entraîné une chute drastique des réserves de change, passées en peu de temps de 240 milliards de dollars à 50 milliards de dollars. «Tous les pays ayant fait appel à ce mécanisme se trouvent aujourd’hui dans une situation difficile», poursuit Jouahri, en citant les cas de l’Argentine et du Venezuela.
Evoquant le cas de la Banque centrale européenne (BCE) et de celui de la Réserve fédérale (Etats-Unis) qui ont fait tourner la planche à billets à une allure inédite ces derniers temps, Jouahri justifie ces exceptions par le caractère convertible de l’euro et du dollar. Ces deux monnaies représentent respectivement 20 et 80% des réserves internationales de devises.