Le 1er mai 2025 marque un tournant dans l’histoire des paiements électroniques au Maroc. Ce jour-là, Attijariwafa bank, Bank of Africa, le groupe BCP et CIH Bank ont officiellement lancé ou renforcé les activités de leurs filiales spécialisées dans l’acquisition de paiements commerçants: Attijari Payment, Damane Cash, Chaabi Payment (via M2T) et Lana Cash, indique le quotidien Les Inspirations Eco.
Ces acteurs ont désormais le droit d’équiper les commerçants en terminaux de paiement électroniques (TPE), de proposer des solutions e-commerce et de traiter les transactions dans un cadre certifié. Une évolution rendue possible par la décision du Conseil de la concurrence, fin 2024, d’ouvrir le marché jusque-là dominé par le Centre monétique interbancaire (CMI). Ce dernier est désormais cantonné à un rôle de processeur technique national.
«Il y avait urgence à briser le monopole pour faire baisser les coûts, stimuler l’innovation et généraliser l’usage de la carte», commente un expert du secteur cité par le quotidien. Le plafonnement des frais d’interchange par Bank Al-Maghrib et le transfert progressif des contrats du CMI vers les nouveaux acquéreurs créent aujourd’hui des conditions de marché plus ouvertes et viables.
Attijari Payment a été l’un des premiers à se positionner. Depuis son agrément en tant qu’établissement de paiement en mars 2025, la filiale déploie une offre complète incluant TPE et paiements en ligne. «Ce lancement marque un tournant décisif», affirme Fahd Bettache, directeur général d’Attijari Payment Processing, qui s’appuie sur deux décennies d’expertise dans les paiements.
Chez Damane Cash, filiale de Bank of Africa, la stratégie s’appuie sur un réseau de 4.200 points de service pour proposer des solutions de proximité aux commerçants, hôteliers ou artisans. «Nous voulons rendre les paiements électroniques simples, accessibles et adaptés aux besoins métier», déclare Maha Kohen, présidente du directoire.
De son côté, Chaabi Payment cible aussi bien les PME que les grandes enseignes avec une approche multicanal (TPE, caisse intégrée, e-commerce). Quant à Lana Cash, adossée à CIH Bank, elle vient d’obtenir le statut d’acquéreur de plein exercice, lui permettant de traiter directement les flux des cartes marocaines et internationales dans une infrastructure interopérable.
Derrière ces lancements, les banques cherchent à fidéliser leur clientèle professionnelle et capter une part des flux de paiements. Mais la concurrence s’annonce rude. Marges étroites, exigences technologiques élevées et service irréprochable sont désormais les nouvelles règles du jeu. «Ce qui fera la différence, ce n’est pas seulement le prix, mais la capacité à proposer un accompagnement de terrain et des services intégrés à l’écosystème du client», analyse un cadre bancaire également cité par le quotidien.
Pour les commerçants, cette ouverture se traduit par des frais réduits, une offre plus diversifiée et une démocratisation de l’acceptation des paiements, y compris dans les zones rurales. C’est aussi une opportunité pour renforcer la bancarisation et limiter l’usage du cash, qui reste dominant malgré une hausse de 12% du nombre de cartes bancaires en 2024 (22,6 millions en circulation). «À ce jour, seulement 35% des opérations scripturales sont réalisées par carte, la majorité étant encore des retraits», résume Les Inspirations Eco.
Le transfert des contrats du CMI vers les nouveaux acquéreurs s’échelonnera jusqu’en novembre 2025. D’ici là, les nouveaux opérateurs devront structurer leurs équipes, former leurs agents et convaincre les commerçants de signer avec eux.






