Le projet de station de dessalement d’eau de mer de Casablanca est lancé. L’Office national de l’électricité et de l’eau potable (branche eau) a lancé, le 21 mars dernier, un avis de pré-qualification pour sélectionner une liste restreinte de candidats (entreprises ou groupements d’entreprises) réputés être techniquement et financièrement capables de réaliser le projet de dessalement d’eau de mer de la région de Casablanca-Settat.
Ce mégaprojet doit permettre de renforcer et sécuriser l’alimentation en eau potable d’une partie de la région de Casablanca-Settat. Il doit également fournir de l’eau dessalée pour le compte d’un autre opérateur pour servir aux besoins d’irrigation d’un périmètre de 5.000 ha.
Le dossier de pré-qualification élaboré par l’ONEE détaille les caractéristiques de la future station de dessalement, dont l’importance est cruciale pour la métropole: elle doit permettre de soulager la pression sur les ressources en eau du bassin d’Oum Er-Rbia, principale source d’approvisionnement en eau potable de la région, et qui connaît un important déficit hydrique.
Selon le document élaboré par l’ONEE, «le projet consiste à concevoir, financer, réaliser et exploiter pendant une durée de 30 ans (répartie entre 3 ans pour la réalisation et 27 ans pour l’exploitation), une station de dessalement d’eau de mer, ayant une capacité de 548.000 m3 par jour (200 millions de m3 par an) extensible à 822.000 m3 par jour d’eau traitée (300 millions de m3 par an), y compris les travaux maritimes de prise d’eau de mer et de rejet ainsi que son alimentation électrique, essentiellement par des sources d’énergie renouvelable».
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Le principal objectif attendu de ce partenariat est la production et la fourniture, à moindre coût, des débits fixés d’eau potable et d’irrigation répondant aux normes de qualité nationales.
6,7 millions d’habitants concernésL’aire concernée par le projet est répartie en trois zones géographiques avec une population estimée à environ 6,7 millions d’habitants en 2020: la zone du Grand Casablanca (Wilaya de Casablanca, Mohammedia et les centres urbains et ruraux avoisinants et les projets touristiques et industriels, la zone de Berrechid-Settat, zone d’El Jadida-Azemmour).
L’emplacement choisi pour la future usine se situe au sud de Casablanca, près du centre de Bir Jdid, à 40 kilomètres de Casablanca, 50 kilomètres d’El Jadida, et 65 kilomètres de Settat, sur un terrain de 50 hectares, accessible et ouvert sur le littoral.
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Le document précise par ailleurs que le projet comprend trois sous-composantes: les ouvrages maritimes de prise d’eau de mer et de rejet; l’usine de dessalement d’eau de mer; et l’alimentation en énergies renouvelables à travers des solutions d’auto-production (solaire, éolien ou autre) ou l’achat auprès d’un ou de plusieurs développeurs locaux.
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Dans ce cadre, souligne l’ONEE, les candidats seront invités (s’ils sont retenus lors de la phase de pré-qualification) à présenter leurs meilleures offres techniques et financières permettant d’assurer un coût au m3 le plus intéressant possible, sans le recours aux subventions de l’Etat et avec une alimentation du projet essentiellement par de l’énergie renouvelable.
Le système de production est censé être «complètement automatisé et télégéré», précise la même source, afin, dit-elle, de garantir une bonne optimisation des charges d’exploitation, et suivre la qualité et les performances (énergie, rendement et qualité de service) en temps réel.
Le financement du projet sera assuré via un Partenariat public-privé (PPP) régi par la loi n° 86-12 relative aux contrats PPP et son décret d’application n°2-15-45. Le candidat financera le montant de l’investissement. Il importe de signaler que l’Etat prendra en charge l’acquisition des terrains nécessaires à la réalisation des ouvrages.
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En ce qui concerne le calendrier prévisionnel, le démarrage des travaux est prévu en juin 2023. La mise en service de la première phase du projet est attendue pour juin 2026 (à partir de 2030 pour la seconde phase).
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Des géants du secteur déjà en liceLe megaprojet de station de dessalement de l’eau de mer de Casablanca suscite déjà l’engouement des géants internationaux du secteur. A en croire la lettre d’information Africa Intelligence, plusieurs entreprises seraient en lice pour décrocher ce marché. C’est le cas du japonais Mitsui, du chinois CCCC, ou encore des espagnols Acciona et Abengoa (lequel vient de mettre en service la centrale de Chtouka, près d’Agadir).
Africa Intelligence affirme par ailleurs que le groupe marocain Nareva a entrepris de constituer un groupement avec le français Suez, afin de décrocher la construction de la station, puis son exploitation pendant 30 ans.
La publication rappelle à cet égard que Nareva, associé à Engie, a déjà décroché le marché de la construction de sa première centrale de dessalement à Dakhla, dont la première pierre avait été posée en février dernier par le ministre de l’Agriculture, Mohammed Sadiki.