Tourisme marocain: l’investissement au cœur de la transformation

Imad Barrakad, directeur général de la Société marocaine d'ingénierie touristique (SMIT).

Revue de pressePorté par un niveau d’investissement soutenu et une profonde mutation qualitative, le tourisme marocain franchit en 2025 un cap décisif. Montée en gamme, diversification de l’offre et rééquilibrage territorial redessinent les contours d’un secteur désormais structuré autour de la durabilité et de la création de valeur à long terme. Cet article est une revue de presse tirée de Challenge.

Le 24/12/2025 à 18h52

L’année 2025 marque une étape décisive pour le tourisme marocain, confirmant l’entrée du secteur dans une phase de transformation structurelle où l’investissement s’affirme comme un pilier central de la stratégie nationale. Longtemps perçu comme un simple outil d’accompagnement, il devient désormais un levier déterminant de compétitivité, de montée en gamme et de durabilité.

Les chiffres présentés lors du dernier Conseil d’administration de la Société marocaine d’ingénierie touristique illustrent cette dynamique, relate le magazine hebdomadaire Challenge. Avec un volume d’investissement atteignant 8 milliards de dirhams sur l’année, le secteur maintient un niveau élevé d’engagement financier, traduisant la confiance renouvelée des opérateurs nationaux et internationaux. Dans un contexte marqué par des cycles d’investissement longs et des exigences accrues en matière de qualité et de rentabilité, cette performance témoigne de la capacité du Maroc à attirer et sécuriser des capitaux dans un environnement concurrentiel.

Au-delà des montants mobilisés, c’est surtout la nature même de l’investissement qui évolue. La logique purement quantitative, centrée sur l’augmentation des capacités d’hébergement, cède progressivement la place à une approche plus qualitative. La diversification de l’offre, la montée en gamme des établissements et une meilleure intégration territoriale s’imposent comme les nouvelles priorités. L’investissement touristique devient ainsi un moteur de création de valeur durable, participant à la modernisation de l’écosystème et à la redéfinition du positionnement du Royaume sur les marchés internationaux.

Cette mutation se reflète dans la répartition régionale des investissements, a écrit Challenge. Casablanca–Settat capte près d’un tiers des flux, consolidant son rôle de principal pôle économique et urbain du Royaume. Marrakech–Safi suit de près, portée par une attractivité internationale solidement ancrée et une offre touristique en constante évolution. Rabat–Salé–Kénitra s’impose également comme un territoire en pleine ascension, attirant 15% des investissements, notamment grâce à l’implantation de grandes chaînes hôtelières internationales qui accompagnent le repositionnement progressif de la capitale sur les segments du tourisme urbain et d’affaires.

D’autres régions confirment leur montée en puissance. Souss–Massa et Tanger–Tétouan–Al Hoceïma enregistrent des parts significatives, tandis que le reste du territoire national bénéficie d’une progression continue. Cette tendance traduit un élargissement plus équilibré de l’investissement touristique, favorisant un développement moins concentré et mieux réparti à l’échelle du Royaume.

L’année 2025 a également été marquée par un effort soutenu de modernisation du parc existant. Plus de 69.000 lits ont été rénovés, dépassant les objectifs initialement fixés. Plusieurs établissements emblématiques ont fait l’objet de rénovations profondes dans des destinations clés telles qu’Agadir, Marrakech, Rabat, Casablanca ou encore Ouarzazate. Dans certaines zones en difficulté, où une part importante des capacités était fermée ou dégradée, l’ingénierie touristique a joué un rôle décisif. À Ouarzazate, notamment, plus de onze hôtels ont pu être repris et remis en exploitation avec l’accompagnement de la SMIT.

Parallèlement, la création de nouvelles capacités s’est poursuivie à un rythme soutenu, avec plus de 43.000 lits supplémentaires créés à l’échelle nationale, au-delà des prévisions initiales, a-t-on pu lire dans Challenge. Sur les cinq dernières années, près de 1.000 établissements hôteliers ont vu le jour, portant la croissance globale du parc à plus de 14%. Cette expansion s’accompagne d’une montée en gamme notable, avec une part croissante d’établissements classés dans les catégories supérieures. Aujourd’hui, l’hébergement haut de gamme représente plus de la moitié du parc national classé et concentre une part importante des recettes touristiques, renforçant la valeur ajoutée du secteur.

L’investissement touristique ne se limite toutefois plus à l’hébergement. L’animation et les expériences touristiques s’imposent comme des axes stratégiques majeurs, visant à enrichir l’offre et à prolonger la durée de séjour des visiteurs. En 2025, la SMIT a accompagné près de 1.500 projets à forte valeur ajoutée, couvrant des domaines variés allant du tourisme de nature aux loisirs expérientiels, en passant par l’écotourisme, la gastronomie, la culture et l’économie bleue.

Cette orientation répond à une demande internationale croissante pour des expériences authentiques, immersives et respectueuses de l’environnement. Elle se concrétise à travers des projets structurants, tels que la valorisation touristique de plusieurs villages à fort potentiel, combinant hébergement, artisanat local, gastronomie et circuits thématiques, ou encore le développement écotouristique des parcs nationaux d’Ifrane et du Toubkal, intégrant hébergements insolites et activités en pleine nature.

Sur le plan de la promotion et de l’attractivité, l’année 2025 a également été marquée par un renforcement de la présence du Maroc dans les grands rendez-vous nationaux et internationaux dédiés au tourisme. La SMIT, en partenariat avec ONU Tourisme, a multiplié les initiatives axées sur l’innovation, la durabilité et l’investissement, tout en accélérant la digitalisation de ses outils de promotion. La mise en place de plateformes intégrant banque de projets, intelligence artificielle et accompagnement des investisseurs contribue à améliorer la visibilité et la lisibilité de l’offre nationale.

Les performances économiques viennent confirmer la pertinence de cette stratégie. Entre janvier et octobre 2025, les recettes touristiques ont dépassé les 113 milliards de dirhams, franchissant déjà le niveau enregistré sur l’ensemble de l’année précédente. Plus significatif encore, le motif de visite lié à la découverte du Royaume s’impose désormais comme la première raison de voyage, devant les considérations climatiques, signe d’une différenciation accrue de l’offre et d’un renforcement de l’attractivité intrinsèque de la destination.

Avec un record historique de 18 millions de touristes enregistrés à fin novembre 2025 et une contribution du secteur portée à 7,3% du PIB national, l’investissement apparaît aujourd’hui comme le socle de la transformation durable du tourisme marocain. Il s’affirme comme un instrument-clé du positionnement du Royaume parmi les grandes destinations mondiales, capable de concilier croissance économique, qualité de l’offre et développement territorial équilibré.

Par La Rédaction
Le 24/12/2025 à 18h52