Télécoms: le coût réel de la non-mutualisation des infrastructures

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Revue de presseKiosque360. Sans un partage effectif des infrastructures, condition sine qua non au développement du secteur, les trois opérateurs ont, chacun et en solo, annoncé un programme d’investissement à coups de milliards de dirhams. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Economiste.

Le 14/10/2022 à 19h25

Dans le secteur télécoms au Maroc, c’est désormais chacun pour soi en matière de développement des infrastructures. C’est ce qui ressort de la lecture des annonces faites récemment par les trois opérateurs (IAM, Orange et Inwi), annonces faisant état de vastes programmes d’investissements, distincts, dans les infrastructures pour le développement du haut et du très haut débit, notamment la fibre optique, relève le quotidien L’Economiste dans son édition du 13 octobre.

Orange a ainsi annoncé une enveloppe de 5,7 milliards de dirhams sur 3 ans pour le renforcement du réseau fixe et fibre, ainsi que mobile. Maroc Telecom avance le chiffre de 16 milliards de dirhams, tandis qu’Inwi s’engage sur plus de 7 milliards de dirhams d’investissements. Le tout a pour horizon 2025, sans aucune mutualisation.

Contacté par le quotidien, l’expert IT & télécoms Khalid Ziani parle d’un «non-sens économique». IAM ayant pour l’heure le monopole des infrastructures existantes, chaque opérateur y va de sa stratégie et de son réseau pour garantir «un service sans couture». Mais pour l’ANRT (Agence nationale de réglementation des télécommunications), «les objectifs de déploiement de réseaux d’accès au haut et très haut débit ne sauraient être remplis sans d’importants investissements qui peuvent et doivent être rationnalisés par un partage effectif des infrastructures». A l’évidence, l’idée ne séduit pas. Elle déplaît notamment à l’opérateur historique.

Pour Khalid Ziani, la solution est dans l’introduction sur le marché marocain d’opérateurs spécialisés dans les infrastructures. Le gain immédiat sera une conséquente économie d’échelle. Comptez des coûts trois fois moins élevés. Une telle perspective entend également que les chaussées, les collectivités et les villes feront l’objet de nettement moins de travaux et de dégâts.

En attendant, des investissements aussi colossaux que ceux annoncés par les opérateurs du secteur supposent des prix moins compétitifs, à l’arrivée, pour le consommateur. Pour ce qui est de la généralisation des infrastructures sur tout le territoire national, y compris les zones les moins rentables, il faudra repasser. La fracture numérique n’en sera que plus grande d’un territoire à un autre. L’émergence d’un secteur télécoms fort, accessible et à même de permettre au Maroc de suivre le rythme de développement de la high-tech en cours dans le monde devra, elle, encore attendre des jours meilleurs.

Par Nabil Ouzzane
Le 14/10/2022 à 19h25