Stress hydrique: le point sur le barrage Al Massira, second plus grand du royaume

Barrage Al Massira dans la province de Settat (S.Bouchrit/Le360)

Le 12/11/2025 à 17h22

VidéoEn pleine crise hydrique, la situation du barrage Al Massira, l’un des plus importants du bassin de l’Oum Er-Rbiâ, est alarmante. Situé dans la province de Settat, ce géant hydraulique d’une capacité de 2,7 milliards de mètres cubes ne contient aujourd’hui qu’à peine 2,3% de son potentiel. Une situation critique due à la sécheresse persistante et au changement climatique selon Samia Ait Omar, chargée de communication à l’Agence du Bassin Hydraulique de l’Oum Er-Rbiâ.

Le paysage du barrage Al Massira, d’ordinaire majestueux, révèle aujourd’hui une réalité alarmante: la retenue d’eau a considérablement reculé, laissant place à des étendues craquelées et silencieuses. Ce barrage, parmi les plus grands du Maroc, joue pourtant un rôle central dans l’approvisionnement en eau potable et industrielle de plusieurs grandes villes du Royaume.

«Le barrage Al Massira est l’un des plus importants de notre bassin hydraulique, avec une capacité de stockage atteignant 2,7 milliards de mètres cubes», déclare Samia Ait Omar, chargée de communication à l’Agence du Bassin Hydraulique de l’Oum Er-Rbiâ.

Grâce à ce réservoir, des villes comme Casablanca, El Jadida, Safi, Sidi Bennour, Settat, Berrechid, Azemmour et bien d’autres bénéficient d’un approvisionnement en eau potable et industrielle. Mais la situation s’est fortement dégradée sous l’effet des changements climatiques et du manque de précipitations. «Comme la majorité des barrages du bassin, Al Massira a subi de plein fouet les impacts du changement climatique, en particulier la baisse des pluies et la succession des années de sécheresse», ajoute-t-elle.

Aujourd’hui, le taux de remplissage du barrage ne dépasse pas 2,3%, contre 1% à la même période de l’année précédente. En chiffres, cela représente à peine 61 millions de mètres cubes d’eau stockée, contre 125 millions un an plus tôt. «Les apports hydriques enregistrés durant cette période s’élèvent à environ 89 millions de mètres cubes, ce qui correspond à un déficit de 70% par rapport à une année normale», précise Samia Ait Omar.

Face à cette situation critique, les autorités compétentes ont mis en place un ensemble de mesures urgentes et structurelles pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable, notamment dans la zone couverte par le barrage Al Massira. Parmi les projets phares figure l’interconnexion entre les bassins du Sebou et de l’Oum Er-Rbiâ. un projet stratégique qui permet actuellement de transférer un débit de 15 mètres cubes par seconde depuis le barrage Al Wahda vers le barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah. Ce projet constitue une étape stratégique pour renforcer la sécurité hydrique au niveau national, selon les responsables.

D’autres initiatives visent à réduire la pression sur Al Massira, comme le renforcement du réseau entre les systèmes hydriques du nord et du sud de Casablanca. Cette interconnexion permet désormais de sécuriser l’alimentation de la métropole à partir du barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah, tout en allégeant la charge sur Al Massira.

«Le projet de dessalement de l’eau de mer à Safi et El Jadida s’inscrit aussi dans cette logique. Il contribuera à alimenter plusieurs centres urbains en eau potable et à soulager davantage ce grand barrage», conclut Samia Ait Omar.

Sur les berges presque asséchées du barrage, le constat est sans appel: la ressource se raréfie. Mais les projets engagés traduisent une volonté forte de s’adapter à cette nouvelle réalité climatique.

Par Fatima El Karzabi et Said Bouchrit
Le 12/11/2025 à 17h22