«Plusieurs producteurs ont fini par délaisser leurs champs pour devenir ouvriers, car leurs arbres se meurent et ne produisent plus rien à cause du manque d’eau». L’alerte est donnée par Ahmed Chami, ingénieur agricole et directeur général de Smart blender SCIA, spécialisé dans la production d’olives, cité par le quotidien Les Inspirations Eco dans sa livraison du 20 octobre.
La filière est frappée de plein fouet en cette saison de récolte. Principale espèce fruitière cultivée au Maroc, avec 65% de la superficie arboricole nationale, l’olive est présente dans 10 régions du Royaume notamment à Fès-Meknès et Marrakech-Safi qui concentrent, à elles seules, 54% de la superficie oléicole. Conséquence ce cette crise: les prix grimpent.
Le kilo brute d’olives se vend entre 8.5 et 9 dirhams dans les champs, contre 3 dirhams en moyenne habituellement. Le litre d’huile d’olive est passé de 40 à 75 dirhams. Et ce n’est que le début. «Les prix vont flamber», craint un haut responsable de la Fédération marocaine des droits du consommateur, cité par le quotidien.
Le Maroc est loin d’être un cas isolé. C’est plutôt une pénurie mondiale d’olives qui se profile à l’horizon. La Tunisie, qui subit les mêmes aléas climatiques que le Maroc, son principal concurrent sur le marché international, a vu aussi sa production chuter ces dernières années. On annonce ainsi une baisse de rendement dans ce pays maghrébin qui va devoir se contenter d’une faible récolte pour la campagne 2022-2023, avec une production d’huile d’olive de quelque 200.000 tonnes. Ce volume s’établirait en recul de 22% par rapport à la moyenne de production quinquennale, évaluée à 257.000 tonnes entre 2016 et 2021.
«Au Maroc, les projections restent mitigées, mais en l’absence d’une saison pluvieuse, il faudra s’attendre à des moissons médiocres », prédit un opérateur approché par Les Inspirations Éco. Outre la hausse des prix, les conséquences seront désastreuses pour les milliers de familles qui dépendent de cette activité. La filière assure, en effet, plus de 51 millions de journées de travail par an, soit l’équivalent de 380.000 emplois permanents.