Saison de stockage des oignons à El Hajeb… entre abondance de production, absence de moyens modernes et arrêt des exportations

Le stockage de la récolte d’oignons a démarré dans la province d’El Hajeb. (Y.Jaoual/Le360)

Dans la province d’El Hajeb, la saison de stockage des oignons bat son plein. Malgré une production abondante cette année, les agriculteurs font face à plusieurs difficultés liées à l’absence de moyens modernes de conservation et à la fermeture des circuits d’exportation. Une situation qui menace la qualité d’une partie de la récolte et relance le débat sur la modernisation du secteur.

Le 08/10/2025 à 15h14

La phase de stockage de la récolte d’oignons a démarré dès le début du mois d’octobre dans la province d’El Hajeb. Il s’agit d’une étape cruciale du cycle de production de ce légume essentiel. La province constitue une importante source d’exportation vers plusieurs pays africains et européens.

Cependant, cette saison suscite une inquiétude grandissante parmi les agriculteurs, en raison de la poursuite de l’utilisation de méthodes traditionnelles de stockage, connues localement sous le nom de «Lkraïr» ou «Chichouarates». Ce sont des constructions rudimentaires faites de pierres et de paille, recouvertes de plastique, sans recours à des méthodes scientifiques permettant de conserver la qualité et la fraîcheur du produit sur de longues périodes.

Nous nous sommes rendus, caméra en main, au centre de Bouderbala, connu dans le milieu agricole sous le nom de «Tamzayate» ou «La petite France», pour suivre le lancement de cette opération. Sur place, les agriculteurs déploient tout leur savoir-faire et leur expérience dans le rangement de la récolte au sein de ces espaces traditionnels, en choisissant avec soin des lieux à l’abri de l’humidité et protégés du soleil. Leur objectif: préserver au mieux la qualité du produit, malgré le manque de moyens dont ils disposent.

Et même si ces méthodes ont permis de conserver une partie de la production, plusieurs agriculteurs expriment leur crainte d’une dégradation de la qualité, faute de soutien technique et de matériel moderne de réfrigération et de stockage. Cela est d’autant plus problématique que le coût d’utilisation des chambres froides industrielles reste très élevé, tout comme la faiblesse des circuits d’exportation, qui auraient pourtant permis d’améliorer la rentabilité du secteur et de garantir la bonne conservation du produit jusqu’à sa mise sur le marché.

Dans ce contexte, Mohamed El Gharbi souligne que la majorité des agriculteurs de la région continuent de recourir au stockage traditionnel en raison du coût élevé des chambres froides industrielles. Il ajoute que leur activité se poursuit malgré la hausse des prix de la main-d’œuvre et des engrais, l’absence de soutien financier, la flambée des prix du gaz et le manque d’eau destinée à l’irrigation de vastes superficies agricoles.

Le même intervenant estime que l’abondance de la production cette année doit inciter les autorités concernées à ouvrir la voie à l’exportation vers les marchés africains et internationaux. Selon lui, se limiter au stockage local constitue un risque en l’absence de solutions scientifiques garantissant la qualité du produit.

«La province d’El Hajeb connaît, durant les mois de septembre et d’octobre, le pic de la saison de stockage traditionnel des oignons dans les «Lkraïr», notamment au centre de Bouderbala, considéré comme l’une des zones produisant les meilleurs oignons du pays», explique l’agriculteur Mohamed Ahremich.

Il ajoute que l’abondance de la production actuelle, sans ouverture de canaux d’exportation, pourrait entraîner la perte d’environ 30% de la récolte, faute de techniques modernes et efficaces de conservation.

«Le ministère de l’Agriculture et les autorités concernées doivent accélérer la mise en œuvre du projet de l’unité de stockage d’oignons à l’Agropolis de Meknès, longtemps attendue mais toujours pas opérationnelle», souligne notre source.

Mohamed Ahremich plaide également pour la création de solutions scientifiques et techniques permettant aux agriculteurs de stocker leur production dans des conditions garantissant sa qualité et sa valeur marchande.

Par Youssra Jaoual
Le 08/10/2025 à 15h14