Le Maroc a récemment introduit de nouvelles modifications à l’ALE conclu avec la Tunisie, en y incluant une liste négative, des produits tunisiens qui seront provisoirement exclus du démantèlement tarifaire des échanges entre les deux pays.
Cette liste négative couvre plusieurs catégories de produits: poudres et explosifs, matières inflammables, tapis, tapisseries tissées à la main, fer à béton, etc.
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Le Maroc a aussi introduit une nouvelle liste commune de produits soumis à taxe unique, de l'ordre de 17,5%: poissons fumés, crustacés et mollusques, margarine, poudre de cacao, boissons chocolatées, jus de citron, boissons non-alcoolisées, pneumatiques neufs, cuirs et peaux préparées, etc.
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Ces mesures ne plaisent pas aux entreprises tunisiennes, qui y voient un acte de «protectionnisme injustifié».
«Le rêve du grand Maghreb et du grand marché maghrébin s’évapore jour après jour. La décision des autorités marocaines porte un coup dur pour les exportateurs tunisiens et le partenariat entre les deux pays», a déclaré Maher Ben Aissa, vice-président de la Chambre nationale des sociétés de commerce international relevant du patronat tunisien, l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), au cours de l’émission «Déco de l’éco» sur la radio tunisienne Express FM.
La balance commerciale entre les deux pays penche en faveur de la Tunisie, avec un volume d’export s’élevant à 708 millions de dinars (2,28 milliards de dirhams) contre seulement 370 millions de dinars (1,19 milliards de dirhams) en ce qui concerne les exportations marocaines.
«Ce niveau de déficit ne suffit pas pour justifier une révision de l’ALE», a estimé Maher Ben Aissa, rappelant à cet égard le niveau élevé du déficit commercial de la Tunisie à l’égard de la Turquie, quant à lui évalué à plus de 3.000 milliards de dinars tunisiens.
Le représentant du patronat tunisien demande donc une «intervention politique» du gouvernement, pour que des concertations avec le gouvernement marocain soient lancées autour de ces deux nouvelles catégories de produits désormais soumis à cette mesure de protectionnisme de la part du Maroc.
Une mesure qui rappelle aux exportateurs tunisiens un autre épisode, celui du litige autour des cahiers scolaires produits dans ce pays et exportés vers le Maroc. Un litige qui a fait l'objet d’une plainte déposée par la Tunisie auprès des instances de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Contacté par Le360, le ministère marocain de l’Industrie et du commerce n’a pour l'heure pas souhaité s’exprimer sur ce propos.