Alors que la plupart des régions du Maroc ont enregistré en ce début d’année un important déficit hydrique, compromettant la campagne agricole hivernale, en particulier les cultures céréalières, les dernières précipitations ravivent les espoirs des agriculteurs mais ne semblent avoir qu'un impact très limité sur la campagne céréalière cette année.
Dans une déclaration pour Le360, Ahmed Boukrizia, président de la fédération des producteurs de viandes, de lait et de produits agricoles pour la région de Casablanca-Settat, explique que «les dernières précipitations auront un impact positif sur les cultures printanières, notamment quelques légumineuses comme les pommes de terre ou encore les espèces fourragères pour alimenter le bétail, mais il ne faut pas espérer plus».
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Pour ce qui est de la production céréalière, ce professionnel estime que la récolte sera très faible à l’issue de l’actuelle campagne agricole. «Nous avons fait face cette année à des conditions climatiques inédites et ce n’est pas la pluie de mars qui sauvera la mise. Nous ne pouvons rien espérer des terres qui ont été cultivées au tout début de la campagne. Nous gardons un peu d’espoir pour les terres cultivées en retard, mais ce qui est sûr c'est que la récolte sera très faible», souligne-t-il.
Toutefois, les récentes précipitations qui se sont abattues ces derniers jours sur les différentes régions du royaume pourraient bénéficier à l'agriculture irriguée. «Certains agriculteurs qui ont les moyens ont pu irriguer leurs terres durant les mois de sécheresse, à travers notamment la technique de goutte à goutte. Ces gens seront les seuls à tirer profit des dernières précipitations», indique Boukrizia.
«Nous dépensons d’habitude environ 7000 dirhams pour entretenir un hectare cultivé. Cette année avec l’irrigation les agriculteurs ont dépensé jusqu’à 12.000 par hectare», regrette-t-il, notant qu’il est indispensable que la tutelle soutient ces agriculteurs qui ont fait le choix de préserver la production nationale de blé et d’assurer les graines à planter durant la prochaine campagne agricole.
De son côté, Saïd Baghdad, agriculteur issu de la région de Berrechid, précise que «la culture du blé tendre en Bour cette année est déjà compromise. Seules les cultures irriguées peuvent encore porter leur fruit. Ce que nous espérons aujourd’hui c’est que ces pluies se poursuivent jusqu'à la fin du mois d’avril et seront suffisamment conséquentes pour alimenter les sources d’eau et la nappe phréatique, et protéger nos cultures printanières afin d’approvisionner suffisamment le marché national en légumes et fruits».
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À l’issue de son dernier conseil d’administration, le 22 mars dernier, Bank Al-Maghrib table sur une production céréalière en dessous de 40 millions de quintaux dans des conditions climatiques qui «semblent globalement défavorables avec une très faible pluviométrie et une mauvaise répartition spatio temporelle».
De son côté, le ministre de l'Agriculture, Mohamed Sadiki, a souligné dans sa dernière déclaration à la presse, le 28 mars 2022, en marge d'une réunion sur le programme des cultures de printemps, que mars a été le mois le plus pluvieux par rapport à l'année dernière et par rapport à la moyenne durant les trente dernières années.
Le ministre a ainsi affirmé que l'impact est immédiat sur les cultures qui n'ont pas encore été totalement détruites comme les céréales. «On est pratiquement sur un million d'hectares de céréales qui peut connaître un rattrapage extrêmement important», a-t-il précisé, notant que l'impact sur le couvert végétal de manière globale, particulièrement les parcours, est significatif.