La plupart des régions du Maroc ont enregistré en ce début d’année un important déficit hydrique, compromettant la campagne agricole hivernale, en particulier les cultures céréalières. Toutefois, les récentes précipitations qui se sont abattues ces derniers jours sur les différentes régions du royaume pourraient bénéficier aux cultures printanières déjà mises en place.
C'est ce que confirme Zakia Bouzoubaa, maître de recherche en physiologie des plantes à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), contactée par Le360. Elle précise que «les dernières précipitations auront un impact positif sur les cultures printanières, notamment quelques légumineuses comme le pois chiche, et également sur les arbres fruitiers, les maraîchages, et les espèces fourragères pour au moins alimenter le bétail».
D'après cette intervenante, «il y aura un changement du cycle phénologique (phases de développements saisonniers: feuillaison, floraison, fructification, jaunissement automnal, Ndlr.), car il y aura une floraison précoce. Toutefois les plantes disposeront d’une réserve d’eau au niveau de leurs racines. Les feuilles vont pouvoir tout de même pousser à nouveau, aboutissant probablement à une meilleure fructification que celle d’avant».
En effet, la situation est en train de s’améliorer en comparaison avec le mois de janvier, qui n’a enregistré presqu'aucune précipitation. «Le retard des pluies a été remarqué dans toutes les régions du Maroc et fait partie du phénomène du changement climatique. Pendant le mois de janvier, nous étions confronté à une phénomène de rareté de l’eau qui a fortement impacté la saison agricole hivernale», rappelle Zakia Bouzoubaa. Elle souligne également que «l’absence de pluies durant le mois de janvier est causé par un déplacement du moment des précipitations».
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«Aujourd’hui, à cause du changement climatique que nous sommes en train de vivre, il va falloir récolter un peu plus de données, les étudier, afin de permettre aux agriculteurs de repenser leur moments de semences et leurs techniques culturales, mais aussi déterminer quelles cultures privilégier. Il va falloir s’engager dans l’agriculture, mais avec de nouvelles pensées sur la base des changements environnementaux vécus cette année et les années précédentes», fait savoir notre interlocutrice.
A cause du manque de pluies qu’ont connu plusieurs régions du Maroc, la superficie consacrée à certaines cultures a été diminuée, à l’image de celles dédiées aux semences des agrumes et des rosacées. Nombre de cultivateurs ont en effet décidé, compte tenu de cette situation, une reconversion agricole.
Et d’ajouter: «par exemple, l’arboriculture des agrumes est laissée au profit des fruits rouges, parce que ce sont des espèces à haute valeur ajoutée dans certaines régions du Maroc».
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Toutefois, prévient Zakia Bouzoubaa, si ces récentes précipitations s’avéraient être les dernières de la saison, il faudrait s’attendre à une précocité de fructification marquée par une décrue de fruits et légumes sans calibre et sans qualité.
«Il existe tout de même d’autres techniques qui permettent de retenir l’eau au niveau des racines, parce que la sécheresse se fait d’abord ressentir à partir des racines. Les cultures irriguées grâce à l’eau présente dans les puits et dans les barrages peuvent également sauver partiellement les semences printanières pour ne pas aboutir à une saison agricole nulle», conclut la chercheuse en physiologie des plantes.