Production nationale: le gouvernement n’en fait pas assez selon le patronat

Lors d'un Conseil de gouvernement.

Revue de presseLe gouvernement prend certes des mesures d’urgence contre la concurrence étrangère, mais le patronat demande beaucoup plus. Pour garder ses fleurons au Maroc, l’Etat doit agir. Cet article est une revue de presse tirée du magazine Challenge.

Le 21/05/2024 à 21h53

La plainte déposée par Cema Bois de l’Atlas, concernant «des éléments de preuves suffisants montrant l’existence d’une menace de dommage grave suite à des importations massives de panneaux de fibres de bois revêtus (PPBR)», n’est que l’arbre cachant la forêt des entreprises qui souffrent en silence d’une concurrence étrangère déloyale.

«Le phénomène devient intense et de nombreuses entreprises n’hésitent plus à se plaindre directement auprès du ministère du Commerce de la concurrence déloyale et de fournisseurs sans scrupules qui n’hésitent plus à inonder le marché local de produits bas de gamme achetés ailleurs», indique le magazine Challenge.

Il y a bien des mesures de sauvegarde de la production nationale mais, au-delà de ces mécanismes, les inquiétudes des industriels sont telles que l’arsenal de ces restrictions n’aura pas d’impact positif durable si une politique nationale plus offensive n’est pas lancée par les pouvoirs publics.

«Prendre des mesures d’urgence ponctuelles pour protéger la production nationale, c’est une bonne chose, mais est-ce bien ce qu’attendent les industriels de l’Exécutif? Le gouvernement manquerait-il d’audace? Si l’industrialisation du Royaume, a bien porté la part de son industrie à 25% du Produit intérieur brut (PIB) en 2023, il n’en reste pas moins que la balance commerciale du pays fait toujours grise mine», remarque l’hebdomadaire.

Du côté de l’Exécutif, on explique aussi que la question est d’autant plus complexe que le produit national n’est pas toujours au niveau de celui fabriqué ailleurs. «D’où la question légitime sur les profondes restructurations que devraient effectuer les pouvoirs publics pour relancer la machine de manière à être au niveau des ambitions royales concernant la compétitivité du produit «made in Maroc».

«Ne pas compromettre la compétitivité passe bien sûr par la distribution d’argent public pour soutenir les entreprises dans des conjonctures difficiles comme celles qu’a connues le pays avec la pandémie du Covid, mais aussi par des politiques bien adaptées pour réagir à tous les changements profonds et surtout des mesures de compétitivité qui nous permettent de faire face à ces concurrents directs», lit-on encore. Ces derniers ne sont autres que la Chine, l’Europe et les Etats-Unis, des géants dans les technologies de l’industrie verte, l’hydrogène vert, les véhicules électriques et les panneaux solaires, entre autres.

«C’est dans ces domaines de pointe que nous devons faire des efforts pour être plus compétitifs sur la scène mondiale. Cela passe aussi par un débat politique approfondi sur la structure des coûts des prix de l’énergie, dont souffrent toutes les industries», souligne Challenge.

En parallèle à cette politique, l’Etat devrait être plus pointilleux en matière de commande publique, beaucoup d’industriels se plaignant (en off) de ce que souvent les marchés publics répondent à la logique du «achetons moins cher, peu importe d’où ça vient».

Par Lamia El Ouali
Le 21/05/2024 à 21h53