Alors que la Fédération marocaine des droits des consommateurs (FMDC) a récemment tiré la sonnette d’alarme sur la rupture de plus de 600 médicaments essentiels, ce constat est pleinement confirmé par les professionnels du secteur. Amine Bouzoubaa, à la tête de la confédération syndicale des pharmaciens du Maroc, évoque une crise qui ne date pas d’hier, mais qui connaît une aggravation inquiétante ces dernières années.
«Le phénomène des ruptures est en constante augmentation depuis l’entrée en vigueur du décret sur la fixation des prix des médicaments. Ce texte a réduit drastiquement les prix de certains médicaments à bas coût, les rendant non rentables à produire», explique-t-il.
Des médicaments à bas prix sacrifiés
Les produits les plus concernés sont des médicaments dont le prix est inférieur à 100 dirhams. Il s’agit notamment de traitements pour les maladies chroniques, les antibiotiques ou les anti-inflammatoires, note-t-il.
«Nous faisons face à deux situations: soit les médicaments sont temporairement en rupture, soit ils sont retirés définitivement du marché», regrette Amine Bouzoubaa, tout en rappelant que les industriels n’ont plus d’intérêt économique à produire ces références.
Cette situation a un impact direct sur la santé des patients, en particulier ceux atteints de pathologies chroniques. Privés de traitements, ils sont souvent contraints de chercher des alternatives.
«Certains tentent de se procurer les médicaments à l’étranger, au risque de tomber dans l’illégalité, car il s’agit de contrebande», précise Bouzoubaa. L’incertitude et l’attente deviennent le quotidien de nombreux malades, dans l’espoir d’un retour de ces médicaments sur les étagères des officines.
Ce que proposent les pharmaciens
Face à cette situation, les pharmaciens demandent au ministère de la Santé de revoir sa stratégie. Amine Bouzoubaa propose des mesures urgentes. Il s’agit notamment de cesser la baisse des prix des médicaments déjà peu chers pour assurer leur disponibilité.
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Il demande également d’accorder aux pharmaciens le droit de substitution, afin de pouvoir proposer un équivalent en cas de rupture, comme cela se fait dans d’autres pays et de repenser la réforme de la fixation des prix, en tenant compte des erreurs passées, sous peine de voir la pénurie s’aggraver.
«Nous sommes à l’aube d’un nouveau projet de réforme. S’il ne tient pas compte de la réalité du terrain, il risque de provoquer encore plus de ruptures et de mettre en danger la santé des citoyens», conclut-il.






