Avec 15% des Marocains équipés de lunettes, le secteur de l’optique affiche une croissance enviable, reflétant une demande en perpétuelle hausse pour les accessoires de vue. Pourtant, il est rare qu’un secteur cumule autant de dysfonctionnements, alerte le magazine Challenge: falsification des diplômes, caravanes médicales au bénéfice ambigu et concurrence débridée provenant des plateformes en ligne.
Sur ce un marché fleurissent des établissements non-accrédités délivrant des diplômes d’opticien. «Il est possible aujourd’hui d’acquérir un diplôme avec une facilité déconcertante, moyennant une somme de 40.000 dirhams, susceptible même d’être renégociée à la baisse», confie Mina Ahkim, présidente du Syndicat National Professionnel des Opticiens au Maroc, cité par l’hebdomadaire. Le secteur compte environ 5.000 professionnels diplômés.
Il se heurte également à la réalité d’une économie souterraine, étonnamment organisée, comprenant plus de 2.000 opérateurs non autorisés qui prolifèrent à travers les villes du royaume. Malgré les condamnations judiciaires des individus impliqués, rien n’est fait pour les éradiquer. Le ministère de tutelle ne prend aucune mesure et ne répond jamais à nos lettres de revendications, s’indigne la syndicaliste.
«Profitant du laxisme ambiant, certains acteurs recourent à toutes sortes de ruses en vue d’écouler leurs stocks. Dans les patelins les plus isolés du Maroc circulent des caravanes médicales», lit-on. Autre pratique illégale constatée, le recours à la publicité en ligne pour divers dispositifs médicaux, en violation de la loi. Les montures et verres optiques, en tant que dispositifs médicaux, ne devraient pas être promus par la publicité. «Pourtant, une profusion de publicités de la part de boutiques et d’entreprises envahit les réseaux sociaux, sans que le ministère de tutelle n’intervienne pour mettre un terme à ces pratiques», insiste la présidente du SPNOM.
Cette bataille contre l’informel s’opère aussi sur d’autres fronts, notamment fiscal. Les acteurs de l’économie parallèle, souvent enregistrés sous le régime CPU (Contribution Professionnelle Unique), jouissent d’une position fiscalement avantageuse, étant exempts de la TVA, privilège non accordé aux entreprises formellement constituées. Ce déséquilibre crée une compétition inégale, favorisant ceux qui évoluent à la marge de la réglementation officielle au détriment des opérateurs légalement établis.