Malgré la reprise d’activité sur les chantiers depuis des mois, les professionnels du BTP continuent de subir l’impact des restrictions sanitaires, le prix des matériaux de construction n’a toujours pas baissé. Plusieurs facteurs ont contribué à cette situation, notamment la pénurie des matières premières, le coût du transport et celui de l’énergie.
«2021 a été globalement une année de reprise. Un bon nombre de pays d’Asie, notamment la Chine ont été très demandeurs de matières premières et d’énergie ce qui a fait exploser les prix», explique David Toledano, président de la Fédération des matériaux de construction (FMC), notant que «plusieurs mines au niveau mondial, notamment au Brésil, ont dû fermer parce qu’il n’y avait plus de demande pendant des mois. Au moment de la reprise de l'activité, l'offre sur le marché avait donc déjà baissé».
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L’augmentation des coûts internationaux du transport tout au long de la chaîne d'approvisionnement continue de faire flamber les prix des différents produits d’export. «Pour relier Shanghai en Chine à Casablanca, un conteneur de 40 pieds qui coûtait entre 2.500 et 3.000 dollars est monté jusqu’à 22.000 dollars en 2021. Aujourd'hui c’est redescendu à 18.000 dollars, mais ça reste très cher», regrette-t-il.
Selon le président de la FMC, les prix des matériaux de construction, notamment l’acier, le plastique et le verre, ont ainsi augmenté entre 15% et 30% sur le marché national. Ces hausses ont dépassé les 40% sur d’autres marchés, précise-t-il, notant que le ralentissement des importations a néanmoins constitué un avantage pour la production nationale qui a réussi à juguler ces hausses.
«Les producteurs locaux ont été eux aussi impactés, parce que la matière première n’est pas toujours locale. S’ajoute à cela le prix de l’énergie qui a augmenté également, mais nos producteurs ont réussi à juguler cette hausse pour rester compétitifs», précise David Toledano.
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Et d’ajouter: «Heureusement, nous avons des usines au Maroc qui peuvent fournir quasiment 100% des matériaux nécessaires à la construction, ce qui nous garantit une certaine souveraineté».
Les hausses des prix sur le marché international ont, également, permis à plusieurs producteurs marocains de récupérer des parts sur le marché local. «Cette envolée des prix a permis à certaines filières qui subissent depuis longtemps la concurrence internationale de regagner du terrain. Plusieurs constructeurs se sont tournés vers le marché local après la flambée des prix à l’import. Les producteurs nationaux de carreaux et de céramiques ont pu augmenter leur marge de 5% à 10%», indique le président de la FMC.
Pour ce qui est des ventes de ciment, principal baromètre du secteur du bâtiment et travaux publics (BTP), David Toledano se veut prudent. «Nous avons consommé autour de 14 millions de tonnes de ciments cette année, mais nous avons une capacité installée de 21 millions, des investissements sont déjà en cours et nous devons dépasser les 25 millions», précise-t-il.
«Nous espérons que la demande nationale continue sur une tendance haussière pour ne pas se retrouver face à un déséquilibre entre la capacité de production et la demande», espère enfin David Toledano, président de la Fédération des matériaux de construction (FMC).