L'activité logistique couvre aujourd'hui 14% du tissu économique, pour un flux de 432 millions de DH. La plupart des opérateurs ayant fait le choix d'externaliser leurs activités d'entreposage sont des multinationales, soit 75% opérant essentiellement dans l'agroalimentaire, les produits de grande consommation, le négoce ou encore le retail, annonce L'Economiste dans son édition du 17 mai.
“L'externalisation dépend en grande partie de l'entreprise et de la solution retenue. Il faut que les process soient maîtrisés et bien cernés et que l'entreprise soit capable de prévoir quel rôle jouera le prestataire”, précise Younes Tazi, directeur général de l'Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL).
Selon ce dirigeant, si une structure n'a pas établi au préalable une stratégie cohérente, l'externalisation peut s'avérer périlleuse. “Un mauvais recours peut être synonyme de banqueroute pour le donneur d'ordre et le logisticien”, analyse Younes Tazi. Selon les résultats d'une récente étude de l'AMDL, le développement de l'externalisation logistique est fortement corrélé au niveau d'évaluation de la distribution moderne.
En clair, l'évolution de la grande et moyenne distribution (GMS) pourrait entraîner un niveau d'externalisation autour de 22% en l'espace de 10 ans. "Les actions prévues devront permettre d'accélérer la cadence et atteindre 30% dans 10 ans et 70% dans 20 ans", prévoit l'AMDL. Parallèlement, le chiffre d'affaires des prestataires logistiques et des transporteurs a enregistré un taux de croissance annuel moyen de 6% entre 2010 et 2014. Ce qui équivaut à 19,4 milliards de DH. Les opérateurs structurés (au nombre de 5.100) ont enregistré 12,7 milliards de DH, alors que les entreprises individuelles (36.000 unités) ont engrangé 6,6 milliards de DH. Durant cette période, le secteur a enregistré un pic de croissance de 8,3% entre 2010 et 2011, passant de 15,6 à 16,9 milliards de DH. S'ensuivit un ralentissement, entre 2011-2013, où l'on est passé de 16,9 à 18,8 milliards de DH.
Le secteur de la logistique est segmenté entre l'entreposage et le transport. Le 1er segment compte sur une superficie globale gérée par les prestataires de l'ordre de 424.550 m2 équivalant à un chiffre d'affaires de 432 millions de DH. Selon des estimations de l'AMDL, à peine 19% des entreprises auraient recours à ce service, notamment dans l'agroalimentaire (35%), le BTP (12%), le retail (33%) ou encore l'automobile et l'aéronautique (17%). Ce manque d'engouement s'explique notamment par la tarification élevée des prestations, la perte de réactivité occasionnée, la capacité de stockage ou encore la confidentialité des données de l'entreprise.
Le transport, en revanche, enregistre une externalisation de l'ordre de 75%. Un taux relativement proche de pays comme la France et l'Espagne, qui prouve que les taux de prestations logistiques restent assez élevés. L'automobile et l'aéronautique externalisent à 100%, le retail et le BTP y ont recours à hauteur de 89 et 82%, l'agroalimentaire à 65% et le textile à 60%. Globalement, la faible maturité supply-chain des chargeurs, le manque de structuration des circuits de distribution traditionnels, la logique patrimoniale, le coût de l'immobilier logistique et le manque en ressources humaines représentent les principaux freins de l'activité.