Compte tenu de l’importance de son ouverture sur le commerce mondial, l’économie marocaine fait partie des vingt premiers pays mondiaux qui risquent d'être directement affectés par le recul de l’activité économique en Chine, de l'avis de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
«Notre économie sera aussi impactée par le ralentissement annoncé en Europe. Les secteurs exportateurs, et surtout l’artisanat, le tourisme et les secteurs qui en dépendent (transports, commerce, restauration, loisirs, agences de voyage...) en souffriront et ont déjà commencé à en pâtir», constate l’Alliance des économistes istiqlaliens (AEI) dans un communiqué.
L’AEI tient à alerter le gouvernement sur les conséquences négatives de cette crise en termes de:
- Baisse attendue de la demande adressée au Maroc, aussi bien en produits qu’en services, particulièrement dans l’agriculture, le tourisme, le transport et l’artisanat, qui influent fortement sur l’activité économique et donc l’emploi de catégories entières de la société;
- Perturbation des chaînes d’approvisionnement pour certains produits de première nécessité pour les entreprises et les ménages (notamment pour leur santé);
- Dégradation de la situation financière de plusieurs opérateurs économiques, notamment les PME, les TPE, le commerce de proximité et les artisans;
- Risque d’amplification des défaillances d’entreprises et des pertes d’emplois qui peuvent en découler.
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L’AEI invite ainsi, dans ce communiqué, le gouvernement à adopter un ensemble de mesures, dont, notamment:
"- La mise en place d’un comité de veille stratégique, à l’instar de ce qui a été fait par le gouvernement conduit par le parti de l’Istiqlal, à la suite de la crise de 2008.
Composé des membres du gouvernement et de hauts responsables des secteurs publics et privés concernés, ce comité aurait pour mission d’évaluer les effets de cette crise et d’en anticiper l’évolution. Il peut proposer, dans les jours à venir, un plan de sauvegarde des secteurs les plus touchés par la crise et les actions permettant de préserver les emplois et de relancer la demande intérieure.
Il serait aussi appelé à proposer les plans et les moyens permettant de surmonter les menaces et de saisir les opportunités que doit provoquer la reconsidération des localisations des composantes des chaines de valeur ciblées par les plans sectoriels et les écosystèmes mis en œuvre par notre pays.
- La mise en place d'un programme approprié de lutte contre les effets de la sécheresse visant à soutenir le pouvoir d'achat des petits et moyens agriculteurs, notamment en mettant en œuvre l'assurance sécheresse, à préserver les ressources animales à travers l’approvisionnement du bétail en aliments et en eau, aux meilleures conditions, et à assurer l’approvisionnement des villages et douars reculés et enclavés en eau potable.
- La sécurisation des stocks et de l’approvisionnement des produits de première utilité pour les ménages et les entreprises et la lutte contre les spéculations (alimentation, santé);
- L’incitation au maintien des emplois par la mise en place de mécanismes de soutien aux entreprises les plus touchées, tels que : (i) exonération partielle des charges sociales; (ii) mise en différé de la dette bancaire, fiscale et sociale ; (iii) l’encouragement du travail à distance et l’autorisation du travail à temps partiel pour éviter les licenciements et préserver les compétences des entreprises; (iv) le lancement de campagnes de promotion sur le marché marocain, financées par l’Etat, pour encourager la consommation de produits et services produits au Maroc, particulièrement le tourisme intérieur et produits de consommation de masse.
- La réduction généralisée des délais effectifs de paiement, particulièrement en faveur des PME et TPE; l’assouplissement et l’accélération des conditions de déclaration de «cas de force majeure» en ce qui concerne les retards éventuels de livraison des entreprises dans le cadre de la commande publique.
Au-delà de la gestion de cette crise, l’AEI appelle aussi le gouvernement à définir une politique cohérente avec des mécanismes prédéfinis pour la prise en charge des situations de crise, quelle que soit leur nature".