Liquidation judiciaire: de nouveaux rebondissements dans l’affaire Platinum Power

De g à d: Omar Belmamoun et Michael Toporek, cofondateurs de Platinum Power.

Les procès inscrits dans le cadre de l’affaire Platinum Power se suivent mais ne se ressemblent pas. L’affaire a pris un nouveau tournant lorsque le tribunal de commerce de Casablanca a étendu, le 10 avril, la liquidation de l’entreprise aux biens personnels de ses dirigeants. Les détails.

Le 12/04/2023 à 17h55

Ouverte depuis janvier 2022, la procédure de liquidation judiciaire de la société Platinum Power connaît un nouveau rebondissement. Dans un jugement prononcé le 10 avril, le tribunal de commerce de Casablanca a ordonné l’extension de la liquidation au patrimoine de Omar Belmamoun et Hicham Benmasoud, respectivement ancien et actuel PDG de cette entreprise spécialisée dans le développement de projets de production d’énergie à partir de sources renouvelables.

«Quand Platinum a été liquidée, le syndic de la liquidation a considéré qu’il fallait chercher la responsabilité des dirigeants dans cette faillite. Le syndic peut recourir à cette voie quand les dirigeants de sociétés commettent des fautes graves de gestion qui conduisent à la liquidation. Ceux-ci peuvent alors voir la liquidation étendue à leur patrimoine», explique un membre de la défense de Michael Toporek, cofondateur de Platinum Power.

Concrètement, ajoute-t-il, à compter de la notification de ce jugement, Omar Belmamoun et Hicham Benmasoud sont tenus de rembourser 206 millions de dirhams, soit le montant du passif réclamé par les créanciers de Platinum Power.

Outre l’extension de la liquidation à leurs biens personnels, la justice a prononcé la déchéance commerciale des deux dirigeants de l’entreprise pendant cinq ans. Autrement dit, ils n’ont plus le droit d’être administrateurs ou de gérer une quelconque société pendant 5 ans.

«Ce jugement contredit la décision du tribunal de commerce de Casablanca qui, le 21 mars 2019, a écarté toute option de liquidation, de sauvegarde ou de mise en redressement de la société, affirmant que celle-ci était en bonne santé financière, soit un quitus judiciaire pour Belmamoun», soutient la défense de Omar Belmamoun, qui, entre-temps, a décidé de faire appel du jugement du 10 avril.

«Belmamoun a quitté Platinum en mai 2020 avec quitus définitif par rapport à tous ses mandats passés au sein de Platinum, acté et signé par l’Assemblée générale», renchérit la même source.

Dans les multiples procès qui ont émaillé l’affaire Platinum Power, aussi bien au Maroc qu’aux Etats-Unis, les deux parties se renvoient les accusations. Ainsi, la défense de Omar Belmamoun évoque un nouveau jugement prononcé le 21 mars dernier par le juge d’instruction du tribunal de première instance de Rabat, lequel blanchit son client de toute poursuite pénale, et ce, suite à une action introduite par Michael Toporek une année auparavant pour escroquerie et abus de confiance. Le juge d’instruction a classé ce dossier sans suite, mais le parquet a fait appel de cette décision (Le 360 a appris que la cour d’appel a confirmé mardi 11 avril le non-lieu rendu en mars dernier au bénéfice de Belmamoun).

De l’autre côté de l’Atlantique, nous confie l’entourage de Omar Belmamoun, le 24 mars 2023, la Cour suprême de New York a rejeté une plainte de Michael Toporek (accusant Omar Belmamoun d’escroquerie et d’abus de biens sociaux) et l’a condamné à payer les frais d’avocats de Omar Belmamoun qui s’élèvent à 400 mille dollars. Puis, le 3 février 2023, une autre action initiée par Michael Toporek, pour les mêmes chefs d’accusation, a été rejetée par la Cour fédérale de New York pour forum shopping, poursuit la même source.

Au total, on recense plus de 60 procédures judiciaires dans cette affaire impliquant les deux principaux ex-associés de Platinum Power. «En termes d’importance juridique, la décision de déchéance commerciale, conjuguée à la nécessité de rembourser un passif de 206 millions de dirhams, est plus grave et lourde qu’un simple classement d’une affaire pénale», estime-t-on du côté de la défense de Michael Toporek.

Créée en 2012, la société Platinum Power opère dans le développement, la construction et l’exploitation de projets en énergies renouvelables au Maroc ainsi qu’en Afrique subsaharienne (principalement en Côte d’Ivoire et au Cameroun). Platinum Power a été le premier acteur au Maroc à obtenir, en 2013, des concessions de ressources hydrauliques pour la production de l’électricité, et ce, dans le sillage de la promulgation de la loi 13-09 qui a libéralisé le secteur de l’énergie, notamment en procurant au secteur privé la possibilité de vendre directement aux clients finaux de l’électricité.

Par Wadie El Mouden
Le 12/04/2023 à 17h55