Former 22.500 talents digitaux d’ici à 2027, c’est l’ambitieux objectif que s’est fixé le Maroc. Une convention pour la mise en œuvre de ce programme a été signée le 15 novembre entre la ministre de la Transition numérique et de la réforme de l’administration, Ghita Mezzour, le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, et le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, Abdellatif Miraoui.
Pour réussir ce pari et dépasser de loin les 8.000 lauréats formés dans le digital en 2023, le gouvernement prévoit de lancer 114 nouvelles filières numériques accréditées pour cette année universitaire 2023-2024 dans 12 universités : Abdelmalek Essaâdi (Tétouan), Cadi Ayyad (Marrakech), Chouaib Doukkali (El Jadida), Hassan Premier (Settat), Hassan II (Casablanca), Ibn Zohr (Agadir), Mohammed V (Rabat), Moulay Ismail (Meknès), Mohammed Premier (Oujda), Sidi Mohamed Ben Abdellah (Fès) et Sultan Moulay Slimane (Beni Mellal).
Demande accrue des talents digitaux sur le marché de l’emploi
Ces nouvelles filières s’ajouteront aux 232 existantes, pour un total de 376 filières numériques. Dans ces nouvelles branches, on retrouve notamment les sciences des données, l’intelligence artificielle (IA), le big data, le développement de logiciels, l’analyse de données, la cybersécurité et le management et gouvernance des systèmes d’information. Le cloud computing, l’internet des objets (IoT), le multimédia et les jeux vidéo figurent aussi sur cette liste. Objectif: faciliter l’insertion des futurs lauréats sur le marché de l’emploi où les profils digitaux sont très prisés.
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«C’est une initiative à saluer. Elle découle de plusieurs constats qui ont été faits au Maroc, notamment la floraison des demandes de profils dans le numérique et le digital, encouragée par une demande de plus en plus accrue depuis la période du Covid-19 qui a stimulé une transformation numérique», explique Mouhamadou Lamine Niang, directeur Afrique au sein du cabinet de recrutement Xpertize, basé à Casablanca, et gérant de sa filiale au Sénégal, dans un entretien avec Le360.
D’après cet expert, ce programme favorisera une adéquation entre les formations et les besoins du marché de l’emploi au Maroc, ce qui facilitera l’intégration professionnelle des futurs lauréats. «Le besoin en profils dans le numérique et le digital s’est accru ces dernières années. Nous le constatons régulièrement dans nos interactions avec les recruteurs», affirme-t-il. Et d’ajouter: «Cela va aussi encourager une diversité dans les cursus en poussant les femmes à s’orienter vers ces formations qui débouchent sur plusieurs métiers qui étaient jusque-là l’apanage des hommes.»
Les profils les plus recherchés
Interrogé sur les profils digitaux les plus recherchés actuellement sur le marché marocain, Mouhamadou Lamine Niang cite le métier de développeur web. «Nous remarquons une demande accrue de profils dans le développement web. Étant donné qu’il y a une pénurie de ces types de profils au Maroc, nous travaillons avec les pays limitrophes pour recruter des compétences, notamment au Sénégal et en Côte d’Ivoire, qui viennent travailler au Maroc pour nos clients», révèle-t-il.
Notre interlocuteur cite également les profils en community management, en marketing digital, en cybersécurité «pour mieux sécuriser les données», en intelligence artificielle, en domotique (ensemble des méthodes qui permettent de relier différents systèmes électroniques intelligents et interconnectés dans une pièce, une maison ou tout autre bâtiment) et en robotique. «Le monde de l’emploi étant un secteur évolutif, il est important de mettre l’accent sur la mise à jour rapide et perpétuelle des formations pour être en phase avec les critères des recruteurs», suggère ce spécialiste.
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Au-delà de l’aspect employabilité des lauréats, les universités marocaines, qui accueillent chaque année de nombreux étudiants originaires d’Afrique subsaharienne intéressés par les formations digitales, pourraient aussi en attirer davantage au cours des prochaines années, selon l’expert.
Mieux, la formation d’une masse critique de talents digitaux pourrait accroître les investissements d’entreprises internationales spécialisées dans les technologies au Maroc. «L’expertise marocaine est reconnue surtout dans le domaine technique. Le renforcement du niveau des formations pourrait pousser les multinationales technologiques à implanter leurs filiales au Maroc, à l’instar de celles qui sont actives dans l’aéronautique et l’automobile dans le Royaume. Ce qui permettra aussi la création d’emplois et la baisse du chômage», indique M. Niang.