L’on n’arrive toujours pas à ressentir l’impact de la politique monétaire accommodante sur l’économie réelle. C’est en tout cas la conclusion à laquelle est parvenu L’Economiste, dans son édition du jour, quant à l’action de Bank Al-Maghrib dans la régulation du système bancaire. Le journal rappelle, en effet, qu’en dépit de la baisse, à trois reprises, du taux directeur depuis 2014 et de la réinstauration de la rémunération de la réserve monétaire pour encourager l'octroi de crédit, les retombées positives sont «pour l'instant plus que limitées».
Les révisions à la baisse du taux directeur «transmises» aux taux débiteurs des banques ne peuvent à elles seules expliquer les causes du recul du coût de l’argent, en particulier dans un marché concentré. C’est d’ailleurs la conclusion que font les chercheurs Hicham Bennouna et Kamal Lahlou, de Bank Al-Maghrib, et Anas Mossadak, de l'Université Mohammed V de Rabat, dans une étude sur la transmission de la politique monétaire au Maroc. Pour eux, dans un «système bancaire en concurrence imparfaite, les variations du taux directeur ne peuvent être totalement répercutées par les banques commerciales».
L’Economiste affirme, dans ce sens, que la détente des taux d’intérêts tient au renforcement de la concurrence entre les prêteurs, face à la décélération du crédit. Décélération du crédit qui ne pourra être surmontée tant que les entreprises resteront peu confiantes quant à l’avenir. Et, face à cela, BAM est totalement impuissante.
Quoi qu’il en soit, les mesures de la politique monétaire ne se font sentir que sur le moyen et long termes. Pour les mêmes chercheurs, «une hausse du taux interbancaire a un impact négatif de 0,2% sur la croissance du PIB réel au cinquième trimestre qui suit le choc».