L’emploi, talon d’Achille du gouvernement malgré des frémissements positifs

Panneaux indiquant emploi et chômage. (Photo d’illustration).

Revue de presseEntre feuilles de route, réunions de suivi et ambitions affichées, l’Exécutif tente de transformer un frémissement conjoncturel en redressement durable, sans pour autant lever tous les freins structurels qui minent le marché du travail. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 10/07/2025 à 22h46

Bien qu’érigé en promesse phare lors de la campagne électorale, le dossier de l’emploi continue de constituer l’un des maillons faibles du bilan gouvernemental actuel. Un constat que les chiffres officiels n’ont cessé de rappeler, notamment ceux du Haut-commissariat au plan (HCP) qui, dès 2023, ont jeté une lumière crue sur une situation pour le moins préoccupante. Devant la montée de la pression sociale et la réalité des indicateurs, l’Exécutif a dû réagir en urgence en esquissant une feuille de route censée remettre sur les rails un marché du travail resté longtemps sous tension, indique le quotidien Les Inspirations Eco.

Certes, les dernières statistiques du HCP laissent entrevoir une légère embellie: le taux de chômage affiche une baisse, signe encourageant mais encore bien fragile pour espérer un redressement en profondeur. Conscient de la prudence qu’impose ce frémissement, Younès Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, a tempéré tout optimisme excessif lors d’un entretien récent. «Il serait prématuré de parler de retournement structurel complet, mais les chiffres traduisent une inflexion réelle et encourageante», a-t-il déclaré, préférant voir dans ces signaux les prémices d’une dynamique vertueuse plus que sa concrétisation.

Mardi dernier, lit-on, le chef du gouvernement a réuni les ministères concernés pour évaluer l’état d’avancement de cette feuille de route pour l’emploi et dresser un bilan d’étape. Objectif: mettre de l’ordre et assurer une meilleure cohérence entre des politiques publiques trop souvent fragmentées. La méthode affichée se veut intégrée: conjuguer offre et demande de travail, ajuster la formation aux besoins concrets du marché et mobiliser le secteur privé — notamment via la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) — pour faire levier.

Le gouvernement veut aussi agir sur plusieurs fronts en commençant par appuyer les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME), encore trop vulnérables, améliorer leur accès aux dispositifs de financement et renforcer leurs compétences managériales. Une approche louable sur le papier, mais qui reste dépendante de la capacité réelle de l’Administration à traduire ces intentions en résultats tangibles sur le terrain.

Les discussions ont également remis sur la table la question de l’emploi des jeunes, notamment dans le bâtiment et les travaux publics, un secteur souvent présenté comme un amortisseur social, mais dont la capacité d’absorption reste cyclique et exposée aux à-coups conjoncturels. Autre priorité réaffirmée, lit-on encore, lever les barrières qui freinent l’emploi des femmes, avec une attention particulière portée au manque criant de structures d’accueil pour la garde d’enfants, un frein récurrent, rarement résolu malgré les discours successifs.

Le gouvernement mise aussi sur une meilleure articulation entre ses multiples bras opérationnels (OFPPT, ANAPEC et ministères sectoriels) pour fluidifier l’accès à la formation continue, développer l’apprentissage et offrir des alternatives aux personnes non diplômées, encore nombreuses à rester en marge du marché du travail.

Dans un contexte de reprise économique timide, l’Exécutif brandit quelques signaux positifs: une croissance estimée à 4,8% au premier trimestre 2025, des créations nettes d’emplois dans les secteurs non agricoles, 351.000 postes selon les chiffres officiels, trois fois plus que l’année précédente, et un recul modeste du taux de chômage de 0,4 point. Des avancées réelles, mais dont la portée reste à consolider.

Des réunions mensuelles de suivi sont désormais programmées pour évaluer pas à pas la mise en œuvre de cette feuille de route, gage en théorie d’un pilotage plus rigoureux. Reste à voir si cette dynamique annoncée pourra enfin combler le fossé entre les ambitions affichées et la réalité du chômage, notamment pour les jeunes et les femmes, trop souvent oubliés de la croissance.

Par Nabil Ouzzane
Le 10/07/2025 à 22h46