Le réseau social TikTok dans le viseur au Maroc

Des parlementaires appellent à la suppression de TikTok, sinon à la restriction de son utilisation.

Revue de presseDes parlementaires appellent à la suppression du réseau social, sinon à la restriction de son utilisation. Tout est de savoir comment. Cet article est une revue de presse tirée du mensuel Jeune Afrique.

Le 08/01/2024 à 20h14

La tendance est quasi planétaire. Des pays comme l’Inde, le Pakistan, l’Afghanistan, ou la Jordanie ont interdit entre 2020 et 2022 l’utilisation de TikTok sur leur territoire. Les raisons évoquées vont du non-respect du droit à la propriété intellectuelle, à l’atteinte aux bonnes mœurs locales. Une volonté régalienne de contrôler l’information.

Dans une moindre mesure, d’autres ont décidé de restreindre l’accès à la plateforme chinoise. L’application mobile est ainsi jugée peu sécurisée en matière de cyber sécurité et de protection des données confidentielles des internautes. C’est le cas de la France qui a décidé de bannir TikTok «sur tous les téléphones que l’État fournit aux agents publics». Idem en Belgique, Danemark, Norvège, Suède, Canada, ou encore en Australie.

«Et le Maroc dans tout ça?», s’interroge le mensuel Jeune Afrique. «La question a été soulevée une première fois au parlement le 26 décembre 2023 au sein de la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication. En présence du ministre de tutelle, Mehdi Bensaïd, les députés – toutes tendances confondues – sont revenus sur les répercussions jugées destructrices de l’application sur certaines tranches d’âge. Les enfants et les adolescents en premier lieu», lit-on dans Jeune Afrique.

TikTok est l’une des applications les plus populaires du pays, avec plus de 10 millions d’utilisateurs selon des statistiques officieuses. Le ministre a confirmé que l’exécutif cherche un moyen de réglementer le travail de la plateforme. «Pièce manquante dans ce puzzle: un cadre juridique garantissant la protection des jeunes utilisateurs contre les contenus offensants, outre l’imposition de conditions d’accès», souligne Jeune Afrique.

Enseignante-chercheuse en droit du numérique, Raja Bensaoud confirme les risques. TikTok représente une particularité selon la coordinatrice du think tank marocain Digital Act. La plateforme qui a émergé il y a quelques années a eu très vite un succès foudroyant, et a suscité d’emblée un fort engouement, en particulier auprès des adolescents: C’est le seul réseau social qui dispose d’un algorithme hyper performant, vraiment axé sur les centre d’intérêts des utilisateurs.

Mais si l’Union européenne est parvenue, en septembre dernier, à infliger une amende de 345 millions d’euros à la plateforme pour avoir enfreint ses règles de protection des données dans le traitement d’informations et de données concernant des personnes mineures, c’est uniquement parce que les 27 États font jouer leur force commune en tant que grand marché numérique, ce qui n’est guère possible pour la plupart des autres pays.

Au Maroc, en août 2023, la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP) a envoyé une lettre à un certain nombre de réseaux sociaux, notamment TikTok, attirant leur attention sur la collecte illégale de données d’internautes marocains, rappelle le mensuel, citant la spécialiste. Doit-on aller plus loin? La question se pose.

Par Nabil Ouzzane
Le 08/01/2024 à 20h14