Le PLF 2026 confirme le virage vers l’assainissement budgétaire

Nadia Fettah Alaoui, ministre de l'Économie et des finances, s'adresse aux députés au pupitre de la Chambre des représentants, au Parlement, à Rabat.

Revue de pressePorté par une amélioration attendue du déficit et une trajectoire de dette enfin orientée à la baisse, le Projet de Loi de Finances 2026 marque une nouvelle étape dans la stratégie d’assainissement budgétaire du Maroc. Malgré un contexte social tendu et d’importants chantiers d’infrastructures à financer, l’Exécutif maintient le cap sur la discipline financière, un choix salué par les agences de notation. Cet article est une revue de presse tirée de Challenge.

Le 03/12/2025 à 18h48

Le Projet de Loi de Finances 2026 confirme la volonté du gouvernement de resserrer la gestion budgétaire et de maîtriser les dépenses courantes, malgré la progression continue des dépenses sociales et des investissements publics. Selon le Rapport sur la dette publique qui l’accompagne, repris par le magazine hebdomadaire Challenge, le déficit devrait reculer à 4,5% du PIB en 2025 contre 4,9% en 2024, tandis que la dette publique amorcerait une légère décrue en 2026, passant d’environ 67% du PIB à 66%.

Après plusieurs années de resserrement monétaire destiné à juguler l’inflation, 2024 a marqué un tournant avec le début des baisses de taux directeurs à l’échelle internationale, une tendance renforcée en 2025. Dans ce climat propice à l’endettement, le Trésor a néanmoins choisi la prudence, maintenant le besoin de financement sous contrôle. L’amélioration annoncée du déficit repose notamment sur une hausse des recettes fiscales, portée par la réforme de l’impôt sur le revenu et une meilleure performance de la TVA, a écrit l’hebdomadaire.

À fin juin 2025, l’encours de la dette du Trésor atteignait 1.124 milliards de dirhams, en hausse de 3,9% sur un an. La dette intérieure progresse à 829 milliards de dirhams (+2,1%), tandis que la dette extérieure bondit de 9,6% pour atteindre 296 milliards de dirhams. Les charges en intérêts et commissions augmentent de 13% pour s’établir à 24,4 milliards de dirhams. Cette évolution résulte d’une hausse des coûts de la dette intérieure compensée en partie par une baisse de ceux de la dette extérieure.

En revanche, les remboursements en principal reculent nettement, passant de 81 à 67 milliards de dirhams en un an. Pour pleinement mesurer l’endettement extérieur du pays, il faut intégrer l’ensemble des emprunts contractés par le Trésor, les établissements et entreprises publics, les collectivités territoriales, les institutions financières publiques ainsi que la dette garantie par l’État. Cet encours atteint 468 milliards de dirhams à fin 2024 (+6,7%), mais son poids dans l’économie diminue légèrement, à 29,3% du PIB.

Dans un contexte de détente des taux, le ministère de l’Économie et des Finances prévoit pour 2026 un service total de la dette de 108 milliards de dirhams, dont 44 milliards au titre des intérêts. Une charge qui illustre l’ampleur des engagements financiers de l’État et la nécessité de préserver la confiance des investisseurs.

L’agence Fitch Ratings, dans son analyse publiée le 7 novembre, salue la trajectoire du PLF 2026, qu’elle juge crédible et axée sur l’assainissement budgétaire. Elle y voit un signal fort d’engagement, malgré les tensions sociales liées au chômage et au coût de la vie. Ce sérieux budgétaire constitue un atout essentiel alors que le Maroc s’apprête à lancer d’ambitieux chantiers d’infrastructures, notamment en vue de la Coupe du monde 2030, a-t-on lu.

Fitch Ratings met également en avant la baisse attendue de la dette de l’administration centrale, qui devrait retomber à 66% du PIB en 2026, portée par une croissance économique appelée à s’accélérer à 4,4% en 2025, puis à se stabiliser autour de 3,9% en moyenne sur 2026-2027. Une dynamique soutenue par une reprise espérée du secteur agricole. L’agence avait d’ailleurs confirmé, en septembre 2025, la note BB+ du Maroc, assortie d’une perspective stable.

Elle souligne toutefois une montée des dépenses courantes, tirée par la généralisation de la protection sociale, l’assurance maladie obligatoire et les réformes des systèmes de santé et d’éducation. Fitch met en garde contre les risques de dérapage liés aux investissements d’infrastructures, en particulier ceux liés à la préparation du Mondial 2030, qui pourraient peser sur les équilibres budgétaires.

Le déficit prévu reste néanmoins proche du scénario de référence de Fitch Ratings, qui anticipe une moyenne de 3,1% du PIB entre 2026 et 2027. De quoi maintenir la dette publique sur une tendance baissière, même si son niveau demeurerait supérieur à la moyenne des pays notés BB, située autour de 52% en 2027. Lors de l’adoption du PLF 2026 par la Chambre des représentants, le 14 novembre, le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, a rappelé que le Maroc enregistrait depuis trois ans et demi une baisse continue du déficit et de l’endettement. Selon lui, ce projet de loi vient consolider ces acquis et offrir les marges nécessaires pour mener à bien les choix politiques du gouvernement.

Par La Rédaction
Le 03/12/2025 à 18h48