Le Maroc réforme son classement touristique

La Mamounia à Marrakech.

Revue de presseLe Maroc engage une réforme majeure de son système de classement touristique, avec la publication de cinq arrêtés. Cette refonte vise à uniformiser l’évaluation des établissements afin de mieux refléter leur qualité réelle et renforcer la compétitivité du secteur à l’approche d’événements internationaux majeurs. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 12/06/2025 à 22h29

Le Maroc franchit une étape décisive dans sa stratégie de relance touristique. Le ministère du Tourisme vient de publier cinq arrêtés majeurs, amorçant ainsi une refonte profonde du système de classement des établissements d’hébergement touristique, indique le quotidien Les Inspirations Eco. Cette réforme, attendue depuis l’adoption de la loi 80-14 en 2015, vise à améliorer la transparence et la qualité de l’offre nationale, tout en alignant les standards marocains sur les meilleures pratiques internationales, lit-on.

Le nouveau dispositif introduit un changement fondamental: l’uniformisation du système de classement par étoiles pour l’ensemble des structures d’hébergement. Hôtels, maisons d’hôtes, riads et kasbahs seront désormais évalués selon une même grille, mettant fin à l’ancienne dichotomie qui réservait aux hôtels une classification plus détaillée (de une à cinq étoiles), tandis que les maisons d’hôtes étaient limitées à deux catégories seulement.

«Ce nouveau système permet de mieux refléter la qualité réelle des prestations, en corrigeant des déséquilibres historiques. Certaines maisons d’hôtes méritaient plus qu’un classement sommaire, alors que des hôtels étaient parfois surclassés pour des raisons strictement locales», explique Zoubir Bouhoute, expert en tourisme, cité par Les Inspirations Eco.

Cette réforme ambitionne d’instaurer une logique de méritocratie, après des années marquées par des pratiques opaques et des classements peu représentatifs. L’objectif est clair: garantir une meilleure lisibilité pour les visiteurs, qu’ils soient nationaux ou internationaux, tout en stimulant l’amélioration continue dans un secteur en pleine mutation.

Parmi les outils introduits, précise Les Inspirations Eco, les «visites mystères» constituent un levier majeur. Menées de manière anonyme par des professionnels ou des cabinets spécialisés, elles permettront d’évaluer les établissements sur la base de grilles très précises, incluant jusqu’à 800 critères couvrant des aspects aussi variés que l’accueil, la sécurité, la propreté, l’accessibilité ou encore l’expérience client. Ces évaluations seront renouvelées tous les cinq à sept ans, afin d’encourager les structures à maintenir un niveau constant de qualité.

L’un des défis de cette réforme consiste à concilier normes de qualité et respect de l’authenticité, notamment pour les hébergements traditionnels. Riads, kasbahs ou maisons de charme devront répondre aux nouvelles exigences sans pour autant perdre leur singularité.

«Il est impératif de préserver l’âme de ces établissements, qui représentent une richesse culturelle et patrimoniale unique. Mais cela ne doit pas être un prétexte pour négliger des aspects fondamentaux comme l’hygiène, la sécurité ou le service», souligne Zoubir Bouhoute. Selon lui, un équilibre est possible entre tradition et rigueur, notamment grâce à des mécanismes d’accompagnement tels que les crédits à taux préférentiels ou les aides du programme Go Siyaha. Encore faut-il, insiste-t-il, «fluidifier les procédures administratives et renforcer la proximité de l’accompagnement technique sur le terrain».

Les professionnels du secteur disposeront d’un délai de deux ans pour se conformer aux nouvelles normes. Ce calendrier, jugé raisonnable par les observateurs, nécessitera néanmoins un renforcement significatif des moyens humains et techniques, notamment au sein des délégations régionales du tourisme.

«Toutes les régions ne sont pas égales en matière de ressources. Dans certaines zones, il sera indispensable d’externaliser une partie des contrôles ou de collaborer avec des bureaux d’études pour atteindre les objectifs fixés. Si l’on vise 80% d’établissements conformes d’ici deux ans, il faudra être rapide, méthodique et rigoureux», alerte Bouhoute.

Par Nabil Ouzzane
Le 12/06/2025 à 22h29