Le Maroc pourrait devenir un des leaders mondiaux de la production d’uranium grâce à ses immenses réserves de phosphate. C’est en substance ce que prédit le professeur Michael Tanchum dans une récente analyse publiée sur le portail du think tank américain Middle East Institute.
D’après le chercheur, le Royaume détient environ 73% des réserves mondiales de phosphate naturel, qui contiennent à leur tour environ 6,9 millions de tonnes d’uranium. «Selon des estimations géologiques, le phosphate marocain contient plus de trois fois les 1,9 million de tonnes d’uranium contenues dans les plus grandes réserves mondiales de minerai d’uranium en Australie», souligne-t-il.
A noter que l’Australie était le 4ème producteur mondial de ce métal en 2022 avec 4.087 tonnes, selon l’Association nucléaire mondiale (ANM). Rappelons aussi qu’en mars dernier, l’institut américain US Geological Survey classait le Maroc comme le deuxième producteur mondial de phosphate en 2022 avec 40 millions de tonnes, derrière la Chine avec 85 millions de tonnes.
Bien évidemment, le groupe OCP est le vaisseau amiral qui devrait conduire le Maroc au sommet de la pyramide des producteurs mondiaux d’uranium. Michael Tanchum le confirme d’ailleurs en rappelant que le géant mondial des phosphates fabrique depuis les années 1980 de l’acide phosphorique, un produit intermédiaire dans la fabrication d’engrais phosphatés duquel l’uranium peut être récupéré.
Le groupe OCP mise sur la production et la R&D
Selon M. Tanchum, la multinationale marocaine a produit 40,7 millions de tonnes de phosphate et fabriqué 7,1 millions de tonnes d’acide phosphorique en 2020. Une production couplée à la recherche scientifique: «Au cours des dernières années, l’OCP a examiné le rôle que la récupération de l’uranium peut jouer dans la durabilité de ses propres opérations, en faisant appel aux installations de recherche de l’Université Mohammed VI polytechnique pour valoriser le concept pour les décennies à venir», indique l’expert.
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Toujours selon ce dernier, l’entreprise de phosphate Prayon, basée en Belgique et détenue conjointement par l’OCP et Wallonie Entreprendre, «a récupéré environ 690 tonnes d’uranium à partir de roches phosphatées marocaines entre 1975 et 1999».
L’expert du Middle East Institute observe par ailleurs que la flambée des prix de l’uranium sur le marché mondial a ravivé l’intérêt pour la récupération de l’uranium à travers l’acide phosphorique. «Le prix au comptant de l’uranium s’élevait à 56,23 dollars la livre au 30 juin 2023, contre 40,33 dollars durant la même période l’année dernière, soit une hausse de 39,42%.»
Outre son importance dans la production d’énergie, l’uranium est aussi utilisé dans la médecine, dans l’agriculture et dans plusieurs secteurs industriels.