Dans la perspective de l’organisation conjointe de la Coupe du monde en 2030, et pour rattraper les retards accumulés par la France au Maroc, en ce qui concerne les grands projets structurants lancés dans le Royaume, des investisseurs espagnols se démènent actuellement, explique l’hebdomadaire Challenge, qui publie dans son dernier numéro un article décrivant les investissements étrangers au Maroc.
«Les deux pays se concertent sur plusieurs projets, notamment dans les secteurs des infrastructures, de l’aménagement et des transports urbains, des énergies renouvelables, le maritime», commente Abdeslam Touhami, un économiste interrogé par le magazine.
En France, après une longue période de froid entre Rabat et Paris, les relations d’affaires franco-marocaines semblent désormais caractérisées par un certain dégel. Cependant, la proximité de l’Espagne avec le Maroc est un facteur qui permet aux investisseurs de ce pays de disposer d’un atout de compétitivité supplémentaire sur leurs concurrents français, puisque le coût des transports des matières premières et des nécessaires déplacements est moindre.
Par ailleurs, l’organisation territoriale du Royaume, qui se fonde désormais sur une gestion plus autonome des autorités locales, augmente la possibilité à des investisseurs français ou espagnols de conclure des partenariats économiques au Maroc.
Pour les entrepreneurs espagnols, le Maroc est une «terre d’opportunités», écrit Challenge, car les exportations du Royaume augmentent de près de 20% d’année en année, dépassant même celles de la France, depuis près de dix ans.
La France reste toutefois, et de loin, le premier partenaire économique du Royaume, en ce qui concerne les Investissements directs étrangers (IDE), avec près de 31% du total des IDE au Maroc.
En 2020, les IDE à capitaux français (d’un total de 200 milliards de dirhams) ont été quatre fois plus importants que ceux de l’Espagne (lesquels totalisent un montant de 50,6 milliards de dirhams), ce qui fait des Espagnols les troisièmes investisseurs, en nombre, au Maroc, juste avant les Émiratis (les EAU totalisant à eux seuls 140 milliards de dirhams d’IDE).
Selon Challenge, «pour l’instant, chacune des deux parties essaie de tirer son épingle du jeu. Il n’est pas rare de voir certaines entreprises des deux pays former un consortium pour décrocher un marché public. Souvent aussi, leurs entreprises sont fortement concurrencées, pas seulement par d’autres entreprises étrangères, mais surtout par des ‘champions marocains’».
C’est aujourd’hui le cas pour le marché de la construction des autoroutes, que ne remportaient autrefois que des entreprises étrangères. Récemment, la Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) a débuté les travaux de la construction d’une nouvelle autoroute reliant Tit Mellil à Berrechid.
Cette infrastructure, qui nécessite un investissement global de 2,5 milliards de dirhams, sera, explique Challenge, «la première autoroute nationale avec une conception initiale en 2x3 voies, avec une réalisation entière par des compétences marocaines. Une première dans l’histoire du réseau autoroutier national».
Le magazine cite aussi un autre exemple, «patent»: le projet d’une «autoroute de l’eau», infrastructure de conception à 100% marocaine.
«Ce n’est pas un hasard si de plus en plus d’entreprises françaises et espagnoles s’allient aussi avec des ‘champions marocains’ sur certains grands projets comme sur la future usine de dessalement de Casablanca, où le consortium mené par l’Espagnol Acciona et comprenant les marocains Green of Africa et Afriquia Gaz, a remporté le contrat de construction et d’exploitation de cette future station», se félicite Challenge, qui mentionne aussi le groupement récemment formé par Engie, la nouvelle dénomination de Gaz de France (GDF), premier fournisseur de méthane dans ce pays, et de Nareva, leader des entreprises marocaines du secteur de l’énergie, déclarés adjudicataires du projet d’une station de dessalement d’eau de mer à Dakhla.